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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 17:04


Publié en 2001 à l’occasion d’une alléchante exposition de dessins et de collages de Paul Joostens (1889-1960) à Anvers, l'album commémoratif Gesneuveld ! Tegen wil en dank en zoo onbekend fait également droit à Joostens l’écrivain, reprenant entre autres, sans commentaires ni justification, L’histoire de Mérinof et Mérédoc ou des Hérodes selon le genre humain.

Datant de 1925 et dédié “au dernier comte de Lautréamont : Geert van Bruaene” (1891-1964), animateur du Cabinet Maldoror où Joostens exposa en janvier de la même année, ce texte quasi légendaire ne fut finalement tiré qu’à nonante exemplaires aux éditions des Lèvres nues à Bruxelles (animées par Marcel Mariën), en 1969.

Les dessins satirico-érotiques reproduits en pleine page illustrent de manière significative les obsessions sexuelles du peintre, évoquant souvent une triste hantise mécanique sinon mécaniste : apanage des machines célibataires — Duchamp et Kafka (In der Strafkolo-nie) —, et des machines fantastiques de Picabia; épures rationalisées d’une désolante réalité intime.

Les éditions Ça Ira publièrent en 1922 Salopes. Le quart d’heure de rage ou Soleil sans chapeau (145 exemplaires, 23 pages) et la Vierge boréale (1939, 112 exemplaires, 40 pages), ainsi qu’une monographie de Georges Marlier consacrée à Joostens, L’œuvre plastique de Paul Joostens (1923).

Paul Neuhuys consacra une monographie à l’“Empereur romain déguisé en vagabond” (dixit Hubert Lampo), parue chez Elsevier en 1961. La même année, il publia dans le premier cahier des Soirées d’Anvers le “Journal de Paul Joostens 1933”, suivi, dans le neuvième cahier (1964), du “Temps des souvenirs” de Mado Millot, l’ex-épouse de Joostens, qui s’en prend d’une manière corrosive à Michel Seuphor.


Henri-Floris JESPERS


(Paul JOOSTENS, Gesneuveld ! Tegen wil en dank en zoo onbekend,Antwerpen, Antiquariaat Rossaert, 2000, n.p., oblong. Tirage limité à 500 exemplaires numérotés, 1.500 BEF)

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19 septembre 2009 6 19 /09 /septembre /2009 01:52


Col titolo POETI D’EUROPA, il 26 settembre 2009 si inaugureranno due mostre:

la prima presso le Edizioni Adriano Parise, via dell’Artigianato 14, 37060 COLOGNOLA AI COLLI (Verona), alle ore 11.00 (lunch and drinks).

La seconda presso la Galleria della Fondazione Sarenco, via IV novembre 28, 25087 SALO’ (Brescia), alle ore 18.00 (dinner and drinks).

 

I poeti visivi presenti (che si esibiranno in letture e performances):

JULIEN BLAINE, Francia

JEAN-FRANCOIS BORY, Francia

UGO CARREGA, Italia

HANS CLAVIN, Olanda

LUC FIERENS, Belgio

GIOVANNI FONTANA, Italia

PIERRE GARNIER, Francia

SARENCO, Italia

LUIGI TOLA, Italia

 

Le mostre dureranno fino al 30 novembre 2009.

La mostra e il catalogo sono a cura di Klaus Bruderholz.

 

Se vuoi venire alle inaugurazioni, ti preghiamo di prenotare.


Adriano Parise: tel. 045 7650373  parise@iol.it

Fondazione Sarenco:  tel. 0365 521015    338 7044982

fondazionesarenco@libero.it

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19 septembre 2009 6 19 /09 /septembre /2009 01:29


Le spectacle Coup de foudre à l'île de Pâques (cf. le blogue du 29 mai) joue les prolongations au Théâtre des Déchargeurs à Paris. Tous les jeudis à 20 heures du 10 septembre au 17 décembre 2009

L’amour et le bonheur sont-ils au bout, du bout du monde, dans cette île perdue au milieu de l'océan, comme notre planète est perdue au milieu de l'univers?

Franck, cadre dynamique, rencontre Clara, ethnologue et archéologue, et en tombe fou amoureux. Il la suit sur l’île de Pâques où elle se consacre à l’étude des civilisations disparues. Pour la séduire, Franck décide de sauver le monde !

En finale de cette “fable romantique, ethnologique et renouvelable”, Éric Aubrahn affirme par l'intermédiaire de la très belle nouvelle L'homme qui plantait des arbres de Giono, qu'un homme seul, réduit à ses simples ressources physiques et morales, suffit pour faire surgir du désert un pays de Canaan...


De Éric Aubrahn et avec une nouvelle de Jean Giono

Mise en scène : Kên Higelin

Avec : Eric Aubrahn


Les Déchargeurs

3, rue des Déchargeurs - Paris 1er M° Châtelet  rés : 0892 70 12 28

Tous les jeudis à 20 heures du 10 septembre au 17 décembre 2009

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12 septembre 2009 6 12 /09 /septembre /2009 20:29

Le jour du décès de Marcel van Maele (Bruges 10 avril 1931 - Anvers 24 juillet 2009) Henri-Floris Jespers nous a rappelé dans ses Mededelingen que ce pur poète – le mot dans tous ses sens n'a jamais cessé de le hanter –  s'était vu décerner en 1972 le "Prix de l'Arche du Mot libre" (Arkprijs van het Vrije Woord) et que cela avait été célébré lors d'une commémoration d'Auguste Vermeylen à l'hôtel Osterrieth à Anvers le 10 mai de cette même année.

Il nous donne un extrait de ce qu'avait dit Marcel van Maele à cette occasion.

Cet extrait retentit comme un cri si lucide et si actuel qu'en voici une traduction :


Jubilons, jubilons : nous, condamnés à mort, vivons encore.

Nous commémorons nos disparus et décernons des prix.

À cette occasion je cherche le mot juste, dépoussière mon bel habit, sèche mes larmes, et plus que jamais me remets à douter.

Qu'est-ce un mot ?

Qu'est-ce une Arche ?

Qu'est-ce la Liberté ?

Quelles cymbales résonnent dans ces symboles ?

Qu'est-ce l'espoir ?

Et nous, paralysés par l'abondance, comment combattrons-nous cette crampe ?

Par quelles armes ?

Le mot ?

Les mots sont plus que jamais abusés et vidés, joliment ficelés dans de gracieux carcans, violés ou castrés, étranglés, préparés, empaquetés.

Les mots n'indiquent plus le sens, le sens leur est dicté.

Et nous ?

Nous sommes planifiés, aplatis, envahis et dirigés par le non-sens clinquant des mots embrigadés.

Nous fonçons avec des œillères vers le point final, en étouffant dans nos propres détritus.

Bien sûr nous nous préoccupons encore d'autres problèmes : alors que les présages quant à l'avenir du genre humain sont de plus en plus sinistres, nous débattons doctement d'une nouvelle orthographe. Faudra faire vite pour parvenir à une nouvelle orthographe avant la fin de l'humanité.


Le fin mot de la crise d'aujourd'hui est que les mots ont perdu leur sens. Et nous nous retrouvons privés de parole, bâillonnés, privés de penser, réduits à n'être plus que les plus fragiles rouages d'un système sourd, muet et aveugle.

Thierry NEUHUYS

Cf. notre blogue du 25 juillet.

En néerlandais:

Mededelingen van het Centrum voor Documentatie & Reëvaluatie, nr. 141. Marialei 40, 2018 Antwerpen.

Cf. les blogues du 24, 26 et 31 juillet; 1, 2 et 20 août.

www.mededelingen.over-blog.com

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10 septembre 2009 4 10 /09 /septembre /2009 02:58

Désireuse de contribuer à combler une lacune importante dans l’étude des « minorités », la revue FrancoFonie du Centre d’Étude des Francophones en Flandre - Studiecentrum Franstaligen in Vlaanderen (CEFF-SFV ; http://www.ceff-sfv.be/index.html) prépare un dossier sur « Les Francophones en Flandre aujourd’hui – Franstaligen in Vlaanderen vandaag ». Elle aimerait publier des contributions de nature différente : théorique, empirique, historique, comparative.

En Belgique, les recensements linguistiques de la population ont été suspendus dans les années 1960, car ils avaient une incidence directe sur le tracé de la frontière linguistique, une frontière dont on sait qu’elle est aujourd’hui âprement contestée, notamment dans les communes limitrophes, dites « à facilités », de Bruxelles. Ne pouvant compter sur les statistiques officielles, il nous faut donc « bricoler » des outils pour avoir une idée précise de la composition et de la répartition linguistique de la population actuelle, surtout s’agissant de la population francophone, non majoritaire et hétérogène, des deux régions concernées (Flandre et Bruxelles-Capitale). Le dossier « Les Francophones en Flandre aujourd’hui – Franstaligen in Vlaanderen vandaag » veut aider à combler cette absence de données. Il entend aussi recueillir des études empiriques ou théoriques, portant sur l’ensemble de la problématique ou sur un de ses aspects (historiques, sociologiques, politiques, culturels, littéraires, etc.).

Les propositions d’articles (20.000 à 30.000 signes ; il ne doit pas s’agir de résumés) sont à soumettre sous format Word ou rtf avant le 31 décembre 2009 à Astrid von Busekist (astrid.vonbusekist@sciences–po.fr) et Paul Dirkx (Paul.Dirkx@univ-nancy2.fr). Chaque envoi sera anonymisé et évalué. Les contributions seront rédigées en français, néerlandais ou anglais.

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31 août 2009 1 31 /08 /août /2009 19:43


Exhibant une couverture ivoire, qui est la couleur des beaux papiers qui veillissent bien, le Bulletin se propose de réunir, dans chacune de ses livraisons, des documents (iconographiques, bibliographiques) rares ou inédits, éclairant un aspect de la vie ou de l'œuvre du poète. À terme, cette publication constituera donc une intéressante source d'informations pour les curieux, chercheurs, amateurs de littérature symboliste, fini & antéséculaire, et d'abord à destination de tous ceux que la poésie de Saint-Pol-Roux bouleverse ou, simplement, ne laisse pas indifférent.

Cette quatrième livraison de 88 pages, adornée d'illustrations originales spécialement réalisées par le peintre Tristan Bastit, est consacrée à l'impossible représentation de La Dame à la Faulx et aux relations de Saint-Pol-Roux & Carlos Larronde développées autour du Théâtre idéaliste. Y sont reproduits lettres et articles, qui permettent de suivre les péripéties nombreuses des mésaventures et aventures dramatiques du Magnifique entre 1909 et 1918.

Ce dossier est suivi d'une nouvelle chronique, “le coin des conteurs” qu'Éric Vauthier dédie, cette fois-ci, à Camille Mauclair et à son recueil L'Amour tragique.

La parution de ce quatrième Bulletin, tiré à 111 exemplaires (10 exemplaires sur papier de Rives, numérotés de 1 à 10, constituant le tirage de tête, et 101 exemplaires sur papier offset blanc de 11 à 111, constituant le tirage courant), tous numérotés et parafés de la main magnifique de l'éditeur, achève un premier cycle éditorial.

(Prix du no: 11 € franco de port – pour la France et l'Europe. Il reste 5 exemplaires du no 1, 8 exemplaires du no 2, 13 exemplaires du no 3.)

La prochaine livraison, qui sera un essai de reconstitution de la bibliothèque du poète, inaugurera une nouvelle série, éditiée sous le haut patronage de la Société des Amis de Saint-Pol-Roux, qui vagira début septembre. Les adhérents recevront de droit les deux Bulletins annuels et les documents publiés par l'association. Il n'y aura donc plus d'abonnement possible, mais il sera toujours loisible, à toute personne ou institution ne souhaitant pas adhérer à l'association, d'acquérir les Bulletins au numéro.

(à suivre)

 

Mikhaël Lugan

33, rue Montpensier

64000 Pau

harcoland@gmail.com

www.lesfeeriesinterieures.blogspot.com

 

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10 août 2009 1 10 /08 /août /2009 23:29


Les poèmes de Corinne Hoex se distinguent par une extrême économie des moyens. Le titre de son nouveau recueil, Contre jour, souligne bien cet éclairage tel que la lumière frappe les objets du côté opposé à la direction dans laquelle on regarde. Cet éclairage tend à révéler un autre aspect des choses et des êtres, à en donner une compréhension nouvelle.

 

tes mains

seules

sortent

du lainage

lourdes

sur le plaid

qui t'emprisonne

 

fermées

sur le tracé

des paumes

 

un sphynx

dans son fauteuil

veille

sur ses énigmes

 

dans l'atelier

les toiles

inachevées

sont appuyées au mur

 

dehors

entouré de troènes

l'édifice

de métal rouge

que tu as forgé

 

Des vues, des aperçus, des jours, des ouvertures, voilà les formes sous lesquelles la poésie de Corinne Hoex perçoit les êtres et les choses. Comme un escalier, le poème se développe autour d'un espace vide. La construction et la respiration du poème sont conditionnées par les ouvertures que l'auteure aménage pour laisser passer le jour.

Tout comme la narratrice de Ma robe n'est pas froissée n'a même pas droit à un prénom, les poèmes de Contre jour annonce la couleur, “le blanc / d'avant la couleur”, cette “couleur / souterraine / où germe / le blanc”. La couleur de l'anonymat, celle de la dépersonnalisation. Paradoxalement, ce chiaroscuro tendant vers une monochromie savante fait fonction de révélateur. Teintée d'une profonde empathie et témoignant d'un sens aigu de l'observation, la poésie de Corinne Hoex, tout comme sa prose, explore les béances intérieures.

HFJ

 

Corinne HOEX, Contre jour, Bruxelles, Éditions Le Cormier, 2009, 57 p., 14 €. Avec cinq vignettes de Frank Vantournhout.

Corinne HOEX, Ma robe n'est pas froissée, Bruxelles, Les Impressions Nouvelles, 2007, 111 p., 12 €.

Corinne HOEX, Cendres, Noville-sur-Méhaigne, Éditions Esperluète, 2002, 51 p. Dessins de Bernard Villers.

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25 juillet 2009 6 25 /07 /juillet /2009 22:03

Le poète, romancier, auteur dramatique et artiste plasticien Marcel van Maele (°Bruges, 10 avril 1931) est décédé hier à Anvers.

En rupture de famille, engagé volontaire dans la guerre de Corée, Van Maele sera prodondément marqué par cette campagne. Son œuvre romanesque et poétique exprime une vision désintégrée du monde et traite volontiers des problématiques politico-sociales. Van Maele clôt la septième partie de son recueil Zwarte gedichten (Poèmes noirs, 1963) par un portrait ironique de lui-même en poète destructeur:

à sa naissance décé-

dé le poète ouvrier d'usine

de peintures franchisseur

du mur du son marcel van maele

il était trop sage pour son

âge et trop vieux pour sa

sagesse est tombé lamentable-

ment dans une fosse à plouf

ses derniers mots furent:

j'en était sûr: nous

devons toujours recommencer.

(Traduction: Kees Snoek)

*

Paul Neuhuys (1897-1984) consacra le septième cahier des Soirées d'Anvers, paru en septembre 1963, à la jeune poésie flamande. Présentant le recueil Ik ben een kannibaal (Je suis un cannibale, 1961) de Van Maele, il constate:

Heureux les nègres, car le royaume du soleil leur appartient! Zij pikken zonlicht en zwemmen in de zon. (Ils cueillent la clarté et nagent au soleil).

Si Marcel van Maele aspire à cette sauvagerie primitive, c'est qu'il se sent frustré par une civilisation tendue vers l'automatisme, et qui fait de lui un esclave hypercivilisé, een hooghypergeschoold hyperslaaf, pour qui la liberté n'est plus qu'un mythe (vrijheid is steen onder steen onder steen links steen boven steen rechts) ce qui revient à dire que béton vaut mieux que bonté.

Ce recueil, véritable manifeste du nihilisme, par un militant du manioc et du maïs, est écrit dans une langue ultra-synthétique comme il se doit chez un hyperplastiekfabriek-arbeider qui se veut cannibale.

Ce qui lui donne la nostalgie de la forêt vierge, c'est la chaude nuit tropicale entrevue dans la pitié érotique d'un regard: Vuurvrouw kust me ankervast, tandis que les ondes lui apportent les flonflons des professionnels. Ce qui nous vaudra cet alexandrin désenchanté:

Zo komt het dat alleen de liedjeszangers zingen...

Aussi se représente-t-il volontiers nouveau magicien (nieuwe tovenaar) prônant, ce qui tranche tout, le retour linguistique au dialecte kwawandi.”

Femme bûcher sur la terre crépitante

baiser prière ancrée en moi

pour toutes les fleurs et leur semence

mes vêtements sont brûlés à jamais

heureux comme un vase de fleurs chantantes

dans la forêt retentissante

chouca coloré

qui clame le kwawandi.

(Traduction: Paul Neuhuys)

*

Poésies néerlandaises d'expression belgique”, tel est le thème du numéro 41-42 (octobre 1963) de Phantomas, la 'revue des directeurs' (Théodore Koenig, Joseph Noiret, Marcel & Gabriel Picqueray). Van Maele y figure, en compagnie d' entre autres Hugo Claus, Gust Gils et Hugues C. Pernath.

Tu meurs et vois, toi l'unilatéral, toi l'universel,

toi le tout-en-toi qui te tentacules à fond de train

tandis que les danseurs noirs jubilent (hurlent)

pieds empreints, tu te fends.

Le temps nous darde de ses flèches et fait la ronde

du magicien jusqu'à ce que soudain, main dans la main,

le silence et le calme s'esquivent dans le futur

à l'aperçu

peut-être d'un brin de braise

peut-être d'une maison de coquelicots.

(Traduction: Freddy de Vree)

*

Écrivain d'un stature tout à fait exceptionnelle, esprit libre et profondément original, Marcel fut une figure emblématique de la poésie expérimentale des années 1955-1965. “Il use d'un langage baroque, très souvent insolent et truffé d'associations verbales surprenantes et généralement hermétiques”. (Albert BONTRIDDER, Poésie flamande d'aujourd'hui, Actes Sud, 1986, p. 142).

Kees Snoek, professeur de littérature et de civilisation néerlandaise à l'université de Paris-IV Sorbonne, souligne que dans ses premiers textes, Marcel van Maele “torture son langage et abolit la logique”.Le titre de ses Poèmes noirs n'est pas anodin: “le poète est un magicien noir, un prêtre ou prophète destructeur qui se retourne contre l'ordre établi et contre la pensée rationnelle, ce qui fait de lui un réprouvé”. On pourrait établir des parallèles entre le cheminement et le discours de Van Maele et ceux de la beat generation américaine.

Accepter, c'est tuer graduellement

le désir ardent, c'est briser l'amour

c'est casser sa pipe,

c'est planter un pilori dans une mare de boue,

c'est embrasser

le tremblement


les poids oscillants du temps appliqué.

(Traduction: Kees Snoek)

*

Tout en étant caractérisée par l'invention et la mise en branle d'images autonomes, la poésie de Van Maele met l'accent sur la résistance, sur la désobéissance civile et sur la rébellion. Au fil du temps, le poète restaurera la syntaxe et renoncera à la prolifération de néologismes et d'associations langagières. Mais sa critique de la société n'en restera pas moins mordante.

Frappé de cécité à la fin des années 1980, il n'en restera pas moins actif.

Maintenant, pinson aveugle,

assis sur un mur en béton,

il chante la gloire de son passé.

[…]

Au-delà des désirs lointains de jadis

la moisissure s'écaille en cette résignation.

Ma vision s'écoule avec tapage;

langage d'un tombeau

qu'on ne peut même plus fermer

correctement.

Henri-Floris JESPERS


Medgar Evers te Jackson vermoord / Medgar Evers assassiné à Jackson / Medgar Evers murdered in Jackson, illustrations de Guy Vandenbranden, Dirk Claus, traduction de Freddy De Vree. Sint-Niklaas, Paradox-Press, 1964, trilingue, s.p.

No man’s land, poèmes, traduit du néerlandais par Maddy Buysse. Bruxelles, Éditions des Artistes, 1968, bilingue, 104 p.

'Poèmes' in Septentrion, II-2, 1973.

Nous ne te verrons pas, illuminante paix. Poésie et politique, Orion, 1976.

Poésie flamande d’aujourd’hui, Actes Sud, 1986.

Kees SNOEK, '... The blood jet is poetry. La poésie de Lucienne Stassaert et Marcel Van Maele : thèmes et évolution.' In : Études Germaniques, année 61, no. 4, Octobre – Décembre 2006, p. 579-592.

 

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19 juillet 2009 7 19 /07 /juillet /2009 03:35


Marcel Lecomte et Paul Neuhuys se retrouveront en 1934 dans le Florilège de la nouvelle poésie française en Belgique, composé par Norge et préfacé par Franz Hellens. De ce florilège “vivant, ébloui, sous sa belle couverture orange”, Neuhuys dira qu'il ne connaissait pas d'anthologie plus harmonieuse. Norge note que les poèmes de Lecomte “sont prononcés d'un ton confidentiel”:

C'est qu'ils ont des secrets à livrer. Mais ces secrets vont décevoir ceux dont l'oreille n'est sensible qu'aux révélations retentissantes et n'entend rien d'un langage allusif et concentré.

Les “proses”, les “récits” de Lecomte, (ce sont de précieux poèmes) ont guetté les plus subtiles connivences de l'air et des visages. Ils déchiffrent jusqu'à la minutie les significations effacées d'une saison banale ou d'une rue déserte. La même application faussement flegmatique – et parfois quelque peu narquoise – s'attache à découvrir la ligne obscure d'une aventure humaine, le sommeil d'une statue, le cri d'une pierre sous le talon, la sourde passion d'un geste. […] Ce rusé serrurier possède pour toutes les serrures des clés ténues. Et s'il néglige parfois de s'en servir, c'est qu'il a déjà deviné. […] (7)

*

Dans ses Mémoires à dada, Neuhuys signale s'être rendu un jour avec Marcel Lecomte chez Ghelderode.

L'entrevue fut glaciale et, le lendemain, je reçus une carte de Michel: “Cher ami, amène-moi une ordure, une merde, une charogne, mais ne m'amène plus Marcel Lecomte”. (8)

Neuhuys, de mémoire, fait ici allusion à la lettre de Ghelderode du 5 octobre 1937:

Ce qu'il ne faut plus jamais faire, c'est m'amener des gendelettres de l'espèce Lecomte, le plus répugnant de la ménagerie bruxelloise. M'entends-tu? Amène un crapaud, une merde, un phoetus avancé, mais jamais plus ce Lecomte! (9)

Goguenard, Neuhuys réagit le 9 octobre avec une pirouette:

Ce que tu me dis de Lecomte (à dormir debout) me frappe, car je ne le savais pas “avancé” au point d'en remontrer à un fœtus de crapaud égaré dans la merde? (10)

L'incident semble toutefois avoir frappé Neuhuys. Avec le recul, il confiera:

Je me perdis en conjectures sur l’animosité qu’il laissait paraître et demandai à Lecomte ce que Ghelderode lui reprochait : « Rien du tout, me répondit-il, nous sommes très bons copains »… Ainsi, une politique secrète faussait le sens de la gendelettrie bruxelloise et j’étais heureux de rentrer à Anvers reprendre ma place de brebis galeuse dans le bercail carthaginois. (11)

Marcel Lecomte et Michel de Ghelderode furent les deux amis de Neuhuys profondément impressionnés par Pansaers. Alors que le premier entretiendra fidèlement la mémoire de “Panse-à-herse”, le second se délectera d’un sordide assassinat posthume, publiant dans Temps mêlés une désolante Introduction aux Œuvres complètes de Clément Pansaers (1958). (12)

Ce fut Marcel Lecomte, il y aura bientôt quarante-cinq ans, qui me révéla lors d'une conversation au Petit rouge les œuvres de jeunesse de Pansaers publiées en néerlandais sous l'éloquent pseudonyme de Krekel, le grillon.

*

 

Lecomte s'était inscrit en 1919 à l'Université Libre de Bruxelles en candidature préparatoire au Droit. Il quittera l'université en 1926 avec un diplôme de candidature. En 1933, poussé par la nécessité d'un gagne-pain, il entre en fonction à l'Enseignement comme surveillant (maître d'étude) à l' École moyenne de Braine-l'Alleud et à celle de Schaerbeek en 1934, à l' Athénée royal d'Etterbeek en 1936). Il devient vite le souffre-douleur des élèves, “que sa silhouette pittoresque, sa voix lente, son profil un peu prognathe, portaient à la surexcitation”, dixit Pierre-Louis Flouquet. Estimant mener “une existence sans issue”, Lecomte souhaite s'installer à Paris.

*

Si les questions politiques ne paraissaient pas déterminantes aux yeux de Lecomte, au moins dans les années vingt, il sera membre actif de l'Association Révolutionnaire Culturelle (13) créée par Henri Storck (1907-1999) le 22 avril 1934, qui avait pour but de regrouper les intellectuels de gauche préoccupés par la montée du fascisme. La brochure-programme de l'A.R.C. fut rédigée par Lecomte et Nougé. Documents, l'organe de l'A.R.C., publia un important article de Lecomte et Mesens: “Mouvement de pensée dans la révolution”. En conclusion les deux complices affirment une “Prise de conscience définitive”:

Une esthétique marxiste, si elle pouvait être codifiée, serait aussi détestable que l'esthétique dans toutes ses phases passées. Ce que nous aimons dans les oeuvres du passé, ce n'est pas la part esthétique qu'elles contiennent, mais les apports en découvertes authentiques.

Si le dadaïsme est parvenu à ruiner la notion noble et désintéressée de l'art, fermentation des diverses couches bourgeoises qui se sont succédées depuis la Renaissance, nous n'avons plus à revenir au concept “art”. Car le surréalisme , qui est l'évolution constructive du dadaïsme, entend intégrer la poésie humaine à la vie même, c'est-à-dire qu'il se soumet donc implicitement au mouvement dialectique du devenir humain. Ses limites ne peuvent être que celles de l'homme par rapport à la terre et vice versa.

Parmi les tâches immédiates des surréalistes et de tous ceux qui, en somme, veulent défendre les valeurs de l'esprit au sein de la pensée matérialiste libératrice et non coercitive comme le sont les philosophies idéalistes et spiritualistes, il faut place en tête:

La lutte pour une autre connaissance, sans limitations.

La lutte pour une restitution intégrale du fond humain le plus authentique, étouffé jusqu'ici par d'hypocrites contraintes.

La lutte contre les religions et les idéologies protectionnistes, qui confectionnent pour l'homme des mythes propres à lui donner l'illusion d'une sécurité terrestre.

La lutte pour la défense inconditionnée de l'invention et de la découverte dans le Réel. (14)

*

La découverte dans le Réel”, n'est-ce pas là le thème central de l'œuvre de Marcel Lecomte? Encore faudra-t-il s'entendre sur les termes.

Henri-Floris JESPERS


(7) NORGE, Florilège de la nouvelle poésie française en Belgique, Bruxelles – Paris – Maestricht, éditions A.A.M. Stols, 1934, pp. XVII-XVIII.

(8) P. NEUHUYS, op. cit., p. 106.

(9) Roland BEYEN (ed), Correspondance de Michel de Ghelderode 1936-1941 , Bruxelles, Labor, 1996, p. 193.

(10) Ib., p. 196.

(11) P. NEUHUYS, op. cit., p. 106.

(12) Michel DE GHELDERODE, “Introduction aux Œuvres complètes de Clément Pansaers”, in Temps mêlés, Cahiers 31-32-33, 1958, pp. 34-40.

(13) Paul ARON, 'Les groupes littéraires en Belgique et le surréalisme entre 1918 et 1940', in Textyles, No 8, novembre 1991, p. 18, 21.

(14) Marcel LECOMTE & E.-L.-T. MESENS, “Mouvement de pensée dans la révolution”, in Documents 35, juin-juillet 1935, pp. 22-29.

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15 juillet 2009 3 15 /07 /juillet /2009 17:59


À l'occasion de la parution des Poésies complètes, Pierre Maury (°1954) souligne à juste titre dans Le Soir (12 juin 2009) que la place de Marcel Lecomte “dans le paysage littéraire des années vingt à quarante mérite d'être reconsidérée : il fut l'un des grands écrivains de son temps”. (1)

Poésies complètes rassemble pour la première toute l'œuvre poétique de Marcel Lecomte (1900-1966). Ce livre contient les recueils: Démonstrations (1922), Applications (1925), Le Vertige du réel (1936), Le Règne de la lenteur (1938), Lucide (1939), Le Cœur et la Main (1968), Connaissance des degrés (1986), La Figure profonde, Feuillets détachés. L'édition est établie et présentée par Philippe Dewolf, à qui nous devons déjà deux recueils de textes de Marcel Lecomte: un choix de chroniques littéraires (Les Voies de la littérature, 1988) et un choix de chroniques artistiques et de préfaces d'exposition (Le Regard des choses, 1992).

S'agit-il de poèmes en prose ou de proses poétiques? Pour Lecomte, le poète peut recourir indifféremment au vers ou à la prose, pourvu qu'il réorganise “les mots au cœur d'un dispositif poétique que le créateur éprouve pleinement justifié pour son entreprise”. Du reste, il a toujours écrit en prose, y compris les textes qu'il a intitulés poème. Le sens qu'il accorde au mot “poème” relève donc d'une autre acception que celle d'un langage versifié ou non – douterait-on que les Illuminations d'Arthur Rimbaud soient d'authentiques poèmes? (p. 8)

*

Le premier recueil de Lecomte, Démonstrations, parut en 1922 aux éditions Ça ira. Paul Neuhuys (1897-1984) se souviendra que ce fut au début des années vingt qu'il rencontra pour la première fois le jeune poète qui accomplissait son service militaire et était caserné à Anvers. Neuhuys habitait la rue du Moulin, “ainsi dénommée, disait-il, parce que c'est une rue qui tourne comme la fortune”.

Crâne tondu, uniforme kaki, Marcel Lecomte venait me lire son poème Irène écrit dans les serres chaudes du désenchantement. Ce qui caractérisait déjà l’homme, c’était une certaine coquetterie, la coquetterie de la lenteur. Nul ne connaît comme lui l’art de décomposer les gestes. (2)

Démonstrations est dédié à Albert Valentin (1902-1968), le futur scénariste et réalisateur qui publiera des textes et photo-montages dans Variétés, La Révolution surréaliste et Le surréalisme au service de la révolution. Parmi les dédicataires de poèmes figurent Albéric Thévenet (neveu du peintre Louis Thévenet, 1874-1930), dont un bois orne la couverture du cinquième numéro de Résurrection (1918); le peintres Jos. Albert (1886-1981); le futur compositeur René Bernier (1905-1989); René Henriquez, qui publiera en 1931 L'Homme au complet gris clair de Lecomte; le poète Bob Claessens (1901-1971), membre de Lumière et traducteur du roman Pallieter de Felix Timmermans; René Michelet, un jeune ami d'André Gide. Le poème 'Irène' est dédié à Georges Bohy (1897-1972), le futur homme politique et militant wallon socialiste.

Pascal Pia (1903-1979), déjà fin critique, publiera dans Le Disque vert une note de lecture consacrée au début de Lecomte.

Les dons remarquables de M. Marcel Lecomte ne l'empêchent pas de commettre les erreurs à la mode. L'art poétique exige de la prudence dans l'emploi des mots. Les mots se rectifient l'un l'autre, l'erreur de M. Lecomte, dont les poèmes possèdent d'autre part de sérieuses qualités de coloris et de rythme, est de croire à la vertu d'autres démonstrations de poésie que le sens et la musique des mots combinés. Un poète est bien près de se perdre, s'il ne tend à cette simplicité et cette précision, difficiles.

Marcel Lecomte, s'il n'est pas possédé du démon de l'écriture, achèvera des démonstrations qu'il n'a qu'ébauchées. Sans diminuer son talent, il pourra laisser tomber avec ce tiret typographique dont il abuse, quelques illusions de jeunesse qui lui sont aujourd'hui encore, précieuses. (3)

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Le 24 novembre 1924, Camille Goemans, Marcel Lecomte et Paul Nougé lancèrent Correspondance, une série qui comptera vingt-deux feuillets numérotés, de couleurs différentes, tirés à moins de cent exemplaires et distribués gratuitement à des destinataires soigneusement choisis différant souvent d'un numéro à l'autre. Paul Neuhuys comptait parmi les destinataires privilégiés. L'adresse éditoriale du groupe était établie au 226, rue de Mérode à Bruxelles, le domicile de Lecomte qui sera exclu de Correspondance le 21 juillet 1925. Les raisons de cette rupture restent mal connues.

Signalant en avril 1925 dans Sélection le second recueil de Lecomte, Applications (1925), Neuhuys souligne:

Marcel Lecomte possède à un rare degré de lucidité, le sens surréaliste qui, depuis Rimbaud, s'est beaucoup développé parmi les poètes. Ce sens singulier permet de saisir des rapports lointains entre les êtres et les choses et est peut-être le premier signe d'une espèce d'homme supérieur. Marcel Lecomte est un Européen qui pratique la poésie comme le Chinois fume l'opium. (4)

Et de reproduire intégralement le poème “Eté lucide”:


La courtisane et le musicien descendent de la berline au cœur de la forêt profonde comme une exposition de couleurs. Regardez, le chemin se déplie devant nous. Nous n'avons qu'à le joindre là-bas sous le feuillage alourdi au soleil.

Le soir, la clairière en château de lumière est transparente architecture. L'herbe bleue, rose et jaune comme les robes de la Vierge ou du Christ.

À l'ombre que versent les arbres si vous dormiez maintenant légèrement couchée la forme de ce manteau serait un vrai paradis en pente douce.

*

Le 25 novembre 1925, Lecomte assiste à la conférence de Paul van Ostaijen sur “Le renouveau littéraire en Belgique” à La Lanterne sourde. Ce fut Marcel qui me révéla en 1965 l'effet de surprise produit ce jour-là par Van Ostaijen chantant ses poèmes. Tout indique que le contact entre Lecomte et Van Ostaijen ne fut ni superficiel ni passager.

En janvier 1926, Van Ostaijen publie Het bordeel van Ika Loch, orné d'un frontispice de René Magritte (Anvers, De Driehoek, 1926). Le 27 janvier, le jour même où Van Ostaijen dédicace l'exemplaire destiné à son éditeur, le peintre constructiviste Jozef Peeters (1895-1960), il adresse également un des trente exemplaires sur hollande “à Marcel Lecomte, cordialement”.

Est-il téméraire d'avancer que ce fut par Lecomte, intime de Magritte à qui il révéla l'univers de Chirico, que Van Ostaijen obtint la vignette de Magritte? Gaston Burssens (1896-1965) fera la critique (en néerlandais) de Het bordeel van Ika Loch dans le premier numéro, daté du 1er juin 1926, de Marie. Journal bimensuel pour la belle jeunesse, édité par Magritte et E.L.T. Mesens. Lecomte y participe sous le pseudonyme de Jean Tasman.

Van Ostaijen et Lecomte étaient tous deux liés à Geert Van Bruaene et restèrent en contact après le départ de Bruxelles de Van Ostaijen en mai 1926, comme en témoigne une carte postale de Marcel Lecomte du 4 octobre 1926 que j'ai pu consulter dans une collection privée:

Mon cher Van Ostayen,

N'aurai-je pas le plaisir de vous voir quelque jour. Je détiens chez moi deux ou trois Magritte que j'ai l'intention de vendre. Peut-être vous intéresseraient-ils.

Croyez-moi vôtre, je vous prie.

Marcel Lecomte (5)

Le nom de Lecomte figure en bonne place sur la liste (datée du 16 février 1928) des relations de Van Ostaijen à contacter en vue d'une prise d'abonnement à sa revue Avontuur, dont il ne verra que le premier des trois numéros (Van Ostaijen décède le 18 mars 1928).

Lecomte restera fidèle à la mémoire de Van Ostaijen, qu'il évoqua à maintes reprises lors de nos conversations diurnes et nocturnes. Il commentera et traduira le poème “Alpejagerslied”, dédié à Eddy du Perron (1899-1940), co-rédacteur de Avontuur. Il y aurait certes des parallélismes à découvrir entre la décomposition des gestes et des mouvements, la stratégie de la lenteur, de l'accélération et de l'intonation, et ce phantasme intérieur qui mène à l'émotion optique, chers à Lecomte, et ce poème de Van Ostaijen qui décompose et (re)présente sa relation avec Eddy du Perron. (6)

*

En janvier 1928, Lecomte se déclare formellement “complice” de René Magritte, qu'il avait rencontré dès 1922. Il signe avec Gaston Dehoy, Camille Goemans, E.L.T. Mesens, Paul Nougé, Jean Scutenaire et André Souris le texte rédigé par Nougé pour le catalogue de l'exposition Magritte à la galerie L'Époque:

et puis

à tout hasard :

l’amitié, à force d’en discourir ou d’en tirer parti, l’on parviendrait sans doute à nous la faire haïr et dénoncer.

mais il lui arrive de revêtir une forme singulière d’où la complaisance paraît enfin rigoureusement bannie.

elle laisse à d’autres le soin d’accorder les goûts et les couleurs.

la veulerie de toutes les habitudes cède la place au souci de quelque aventure, de quelque entreprise communes, au sentiment de périls et de chances également partagés.

l’on dira peut-être qu’il s’agit d’une manière de complicité.

c’est pourquoi nous ne voyons nul inconvénient à nous dire au passage les complices de rené magritte.


En 1928, Lecomte retrouve Goemans et Nougé dans la revue Distances (trois numéros, février à avril 1928), où il publie les premiers textes du Vertige du réel. Irène Hamoir et Louis Scutenaire se rencontrent chez Marcel.

Henri-Floris JESPERS

(1) Pierre MAURY, 'Les retrouvailles avec Marcel Lecomte', in Le Soir, 12 juin 2009.

(2) Paul NEUHUYS, Mémoires à dada, Bruxelles, Le Cri, 1996, p. 107.

(3) P[ascal] P[IA], 'Marcel Lecomte: Démonstrations', in Le Disque vert, 1ère année, 2me série, Nos 4, 5 et 6, février, mars, avril 1923, p. 127.

(4) Paul NEUHUYS, 'Marcel Lecomte: Applications', in Sélection, Nouvelle série, 4me Année, No 7, 15 avril 1925, p. 146.

(5) Lettre de Marcel Lecomte à Paul van Ostaijen, Bruxelles, 4 octobre 1926. Collection privée. Photocopie en possession de HFJ.

(6) Henri-Floris JESPERS,‘Le Bateau Ivre’: het literaire debat tussen De Perron en Van Ostaijen, Amsterdam, E. du Perron Genootschap, Cahiers voor een lezer 21, 2005.

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