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16 février 2010 2 16 /02 /février /2010 17:39

Nous vous invitons, ce samedi 20 février à 12 h, à rencontrer Myriam Watthee-Delmotte, maître de recherches du FNRS et professeur à l’UCL et Marc Dugardin, poète, pour une présentation de la Poésie complète d’Henry Bauchau, parue chez Actes Sud.

 Bauchau.jpg

Henry Bauchau n’est arrivé que tardivement à l’écriture : il a 45 ans quand paraît son premier recueil de poèmes, 77 ans quand son roman Œdipe sur la route lui vaut un premier grand succès, 95 ans quand il gagne le Prix du Livre Inter pour Le Boulevard périphérique. Cette œuvre, née d’une cure psychanalytique, exprime « l’espérance d’un plus de vie dans un plus de sens ». Si elle dit les blessures de l’homme et de l’Histoire, elle convie, à contre-courant des modes, au maintien de valeurs peu prisées par la modernité : la lenteur, la présence, le partage. Tout en étant traversée de part en part par une puissante violence, elle réhabilite le droit au rêve et à la fragilité.


Marc Dugardin, poète et ami d’Henry Bauchau, et Myriam Watthee-Delmotte (maître de recherches du FNRS et professeur à l’UCL), à qui l’écrivain a légué son Fonds d’Archives à Louvain-la-Neuve, feront un bref parcours à l’intérieur de son œuvre, en écoutant des passages de sa Poésie complète.

 

La Librairie Quartiers Latins

14, Place des Martyrs

1000 Bruxelles

tel : 02 227 34 00 email : quartiers.latins@cfc-editions.be

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10 février 2010 3 10 /02 /février /2010 01:35

EECummings_pd4.jpgAutoportrait, 1920

Nous vous invitons, ce samedi 13 février à 12 h, au coup de cœur de Gérald Purnelle, maître de conférences à l’Université de Liège, et de Thierry Gillyboeuf, traducteur, pour l’œuvre du poète américain Edward Estlin Cummings (1894-1962).

Edward Estlin Cummings (1894-1962) compte parmi les plus grands poètes américains du 20ème siècle. Imprégné de culture classique, mais résolument moderniste, il fait figure de pionnier de l’avant-garde et de l’exploration formelle, à travers un travail qui reste audacieux et original, et qui porte sur le vers et la syntaxe, le découpage des mots, la lettre, la ponctuation, la disposition du texte sur la page. Toute l’écriture de Cummings tend à concilier l’invention de ressources neuves avec les fins et les moyens hérités de la poésie. Loin d’être purement ludique, cette pratique formaliste spectaculaire, qui fait sa marque de fabrique immédiatement reconnaissable, est au service d’une poétique entièrement lyrique, c’est-à-dire expressive. Elle réclame, au-delà de ce qu’elle montre, que l’on s’intéresse à ce qu’elle dit et fait.

La rencontre avec son traducteur Thierry Gillybœuf permettra d’explorer l’œuvre riche et abondante de Cummings, mais aussi d’aborder la difficulté de traduire une telle poésie.


La Librairie Quartiers Latins

14, Place des Martyrs

1000 Bruxelles

tel : 02 227 34 00 email : quartiers.latins@cfc-editions.be

Pour plus d’informations concernant cette rencontre : www.cfc-editions.be

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4 février 2010 4 04 /02 /février /2010 04:52

Chastel.jpgOlivier Chastel, Secrétaire d'état aux Affaires européennes, représentant

le Premier ministre


Ce n'était pas l'affluence des grands jours, hier, au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, pour le vernissage de l'étourdissante exposition du Greco, dans le cadre de la Présidence espagnole de l'Union Européenne.

Après une courte introduction, le vicomte Étienne Davignon, président du Palais des Beaux-Arts, donna la parole au Secrétaire d'état aux Affaires européennes Olivier Chastel, représentant le Premier ministre Yves Leterme, retenu par les devoirs de sa charge. La Ministre espagnole de la Culture, Ángeles González-Sinde Reig (actrice, scénariste et cinéaste), souligna l'influence du Greco, non seulement sur l'école espagnole, mais également sur le modernisme.

Paul Dujardin, directeur général du Palais des Beaux-Arts, exprima sa gratitude aux diverses instances espagnoles qui permirent de réaliser cette exposition exceptionnelle: la Société d' État d'Action Culturelle Extérieure (SEACEX), le ministère des Affaires Etrangères, le Ministère de la Culture, la Junte de la région autonome de Castilla-Mancha et l'ambassade d'Espagne à Bruxelles.

*

Pour Michel Seuphor (1901-1999), théoricien et historiographe de l'art abstrait, la confrontation avec la peinture du Greco fut aussi marquante que sa rencontre décisive avec Mondrian.

En 1927, Seuphor visite le Prado pour admirer les Velázques “et accessoirement les Greco”.

J'avais lu quelques petites choses sur ce dernier, des choses pas très flatteuses, comme quoi il aurait été fou, j'avais vu aussi des reproductions de ses œuvres, je le considérais comme un peintre mineur, avec un je-ne-sais-quoi de douteux qui ne me plaisait pas du tout. J'en avais surtout une idée trouble, moi qui aime les idées claires. Je suis donc passé dans la salle des Greco, au pas de course, pensais-je en y entrant... Mais je suis tombé en arrêt devant Le Baptême du Christ puis devant La Pentecôte, et je suis ressorti du Prado comme sur un nuage. Je n'étais plus moi-même. J'ai même dû m'asseoir sur un banc, où je suis resté longtemps. Je suis revenu plusieurs fois revoir tous ces tableaux, j'étais comme possédé! Extraordinaire! Une peinture que je n'avais jamais vue, avec ce relâchement du pinceau, cette touche qui semble flotter, alliée à une rigueur de composition, une force dans l'organisation du tableau. Sans oublier les coloris, qui chantaient.

[Michel SEUPHOR, Greco. Considérations sur sa vie et sur quelques unes de ses œuvres, Paris, Les Tendances nouvelles, 1931; Michel Seuphor, un siècle de libertés. Entretiens avec Alexandre Grenier, Paris, Hazan, 1996.]

*

Soulignons enfin que l’ultime série d’Apôtres laissée par le Greco, d’une étonnante modernité, aux formes totalement libérées, aux éclats de couleurs extraordinaires, retrouvera, après le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, le Musée Greco de Tolède pour ne plus jamais en sortir...

*

Parmi l'assistance: S.E. Carlos Gómez-Múgica Sanz, ambassadeur d'Espagne, Charo Otegui Pascual (président de la Sociedad Estatal para la Accion Cultural Exterior), Marie-Jeanne Dypréau, Henri-Floris Jespers (Fondation ça ira), Pruts Lantsoght, Thierry Neuhuys (Fondation ça ira), Robin de Salle (revue Connexion) et le peintre Jan Scheirs (Centre de Documentation & de Réévaluation).

El_Expolio_del_Greco_Catedral_de_Toledo-copie-1.jpg

El Expolio del Greco de la Sacristía de la Catedral de Toledo


Voir également le blog du 24 janvier.

 

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24 janvier 2010 7 24 /01 /janvier /2010 23:48

9431_img1.jpg

Mon maître Gustav René Hocke, dont les études sur le maniérisme firent époque, aimait répéter la réponse du Greco (1541-1614) à un visiteur s'étonnant de le surprendre à peindre dans l'obscurité: “L’éclat du jour nuirait à ma lumière intérieure”.

Il s'agit d'un faux littéraire, mais combien plus éloquent que le témoignage des “tristes pépins de la réalité”...

Soulignant que la biographie d'Oscar Wilde par Frank Harris est sujette à caution et que son témoignage relève le plus souvent de la plus haute fantaisie, George Bernard Shaw s'empressait d'y ajouter que c'était là pourtant le portait le plus fidèle et véridique, c'est-à-dire celui qui correspond le plus étroitement à la nature profonde du personnage.

*

Dans le cadre de la Présidence espagnole de l'Union Européenne, le Palais des Beaux-Arts présentera du 4 février au 9 mai 2010 une sélection unique de tableaux marquants du Greco.

Considéré comme l’un des peintres fondateurs de l’École espagnole, Le Greco n’a pourtant pas toujours joui de ce statut souverain. Lorsqu’il meurt à Tolède en 1614, l’Europe se prend de passion pour le caravagisme, style naturaliste et en vogue aux antipodes de son génie maniériste. Très vite, son œuvre passe de mode, traversant les siècles dans un relatif oubli. Jusqu’à ce qu’en 1908, l’historien de l’art Manuel Bartolomé Cossío lui consacre une monographie fondamentale. L’engouement pour Le Greco est immédiat. Collectionneur d’art averti, le marquis de la Vega-Inclán érige même à Tolède en 1910 un musée à sa gloire. De sorte que la renommée du peintre s’enfle aussi vite qu’elle ne s’était éteinte. En plus de retracer le rôle essentiel joué par les acteurs de cette redécouverte spectaculaire, l’exposition livre un aperçu captivant de l’évolution artistique du peintre, à travers une sélection unique de tableaux marquants, dont l’étourdissant Le Christ dépouillé de ses vêtements ou les remarquables Les larmes de saint Pierre.

El_Expolio_del_Greco_Catedral_de_Toledo.jpg

Le Christ dépouillé de ses vêtements

 

Point d’orgue du parcours : l’ultime série d’Apôtres laissée par Le Greco, véritable testament pictural du maître. Une série complète d’une étonnante modernité, aux formes totalement libérées, aux éclats de couleurs extraordinaires, qui après le Palais des Beaux-Arts retrouvera le «Museo de El Greco» de Tolède pour ne plus jamais en sortir...

*

Dans La joueuse d'Ocarina (1947), Paul Neuhuys constate:

Après la mosaïque des byzantins et la géométrie d’Ucello

les primevères hyperesthésiées de Botticelli

conduisent aux mortelles déliquescences du Greco.

Dans ses Mémoires à dada (1996) Paul Neuhuys fera état du taedium vitae, de “cette élégante lassitude morale” qu'on retrouve chez Domínikos Theotokópoulos, dit le Greco.

Luis de Góngora (1561-1627, à qui Neuhuys consacra quelques pages mémorables) écrivit un Tombeau de Domenico Greco, excellent peintre.

*

Quant à moi, je suis convaincu qu'il convient de situer cette “élégance” du maître maniériste, dont l'influence sur l'art moderne est incontestable, dans l'éclairage intérieur d'une spiritualité mystique.

Henri-Floris JESPERS

Commissaires de l'exposition: Ana Carmen Lavín Berdonces & José Redondo Cuesta.

Scénographie: Óscar Mariné.

Palais des Beaux-Arts, 23 rue Ravenstein, 1000 Bruxelles. Entrée: rue Royale 10.

Du 4 février au 9 mai 2010.

Du mardi au dimanche, de 10 à 18 h. Le jeudi: de 10 à 21 h.

Info: www.bozar.be

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12 janvier 2010 2 12 /01 /janvier /2010 05:35

Septentrion.jpgLa langue française

 

Du pataquès au janotisme,

ce ne sont qu'improvisations phonétiques

comme au temps où les ducs

plantèrent leur étendard

sur la comète gallicane.


Lorsque les mots partent à la conquête de l'irrationnel,

il y en a qui ont le feu au derrière,

d'autres prennent tout à coup de l'audace

comme les paysans de Molière.


On peut faire de la poésie avec des coquillages:

les locomotives dans l'œuvre de Wagner,

une femme agrippée au bord d'un prépuce...

Roland de Lapsus.


Enseigner la poésie par le décousu synthétique,

l'émailler de syllepses et de mots collapsés

ou la sortir du bourbier

par un salubre artisanat verbal ?


Paul NEUHUYS

(Septentrion, Anvers, Librairie des Arts, 1967)

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11 janvier 2010 1 11 /01 /janvier /2010 05:46

Art poétique

 

On ne fait plus de largesses aux poètes

Ils cassent des pierres au lieu d’enfiler des perles

L’avion part d’un éclat de rire

Tout pour les uns, rien pour les autres

Spectacle révoltant

La poésie?

 

C’est un article si peu demandé


Paul NEUHUYS

(L'Arbre de Noël, Anvers, Lumière, 1927)


Jouvencebis.jpg

 

Art poétique

 

Cent fois, j'ai déposé mon crayon sur la table,

et cent fois remisé mon cochon à l'étable,

pour que passe en mes vers un souffle délectable.

O poète local, ô poète vocal,

On dira que tes jeux de style sont factices

que de plaire en parole et d'aimer en peinture

fut ta seule façon de goûter la nature.

Château de cartes, Pont des Soupirs, Boîte à Malices,

que le temps balaiera un si frêle édifice.

Mais l'art des vers est, comme l'amour, disparate.

C'est à vouloir viser trop haut que l'on se rate.

Paul NEUHUYS,

(La Fontaine de jouvence, Anvers, Ça Ira, 1936)


Prieure.jpg

 

Art poétique

 

La poésie est l'art des mots

l'art adorable de Sapho

où brîle une flamme invisible

d'autant plus douce à découvrir

pat quelques élus du hasard

dans un pays sans fond ni rives.

Paul NEUHUYS

(Les Archives du Prieuré, Anvers, Ça Ira, 1954)

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11 janvier 2010 1 11 /01 /janvier /2010 02:34

Agenor.jpg

Fresque burlesque

 

Kapotte potten                       Krakende wagens

 payer les pots cassés sur un wagon qui craque


       Kribbelkrab de kwakzakver

          griffonnage de charlatan


   Français   Flamand   pour Agénor

     c'est boterbloem ou bouton d'or


Du latin de cuisine aux cuirs gallo-romains


Hâbleur       vertugadin

sont palabre espagnol


       Carosse caresse

       cortège italien


               Baroque véranda

               marmelade portugaise


Alcool              alambic

nous viennent d'Arabie


                                     et si son canif

                                           tombe de sa redingote

                                                                    sur le boulingrin

                                     knife reading-coat bowlinggreen

                                     Monsieur Jourdain parle franglais


Paul NEUHUYS

(L'Agenda d'Agénor, Anvers, Ça Ira, 1984)

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10 janvier 2010 7 10 /01 /janvier /2010 07:14

Improvisation


Tonnelles et charmilles



Faut-il mouiller les ailes de Séville

les palataliser ou les denteler?



Si le jerk flageole des guibolles

le slow tricote des rotules



Aller vers l'impalpable et le surnaturel



Gyroscope ésotérique de la créativité



Pour éviter

le style canonique et la correction pimbêche

recourir aux milles facettes des mots en liberté


Improviser    c'est puiser à pleines mains

dans le panier à provisions


Les mots tirés au hasard hors d'un chapeau claque



Coquecigrue et coquelourde sont des vocables

irrévocablement équivoques



Je ne sache pas que

le boulier compteur

se donne en spectacle

à l'ordinateur



Œdipe œdème se prononce comme edelweiss

bésicles de béryl se contractent dans bril



   Comme eût dit Montaigne

Saperdeboere Sabre de bois

    le gascon y parviendra

si le français n'y peut suffire


Paul NEUHUYS

(L'Agenda d'Agénor, Anvers, Ça Ira, 1984)

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4 janvier 2010 1 04 /01 /janvier /2010 16:17

Marchetti2.jpg

Du 11 janvier au 6 mars 2010, le Salon d'art présente des estampes de Thierry Mortiaux.

Vernissage le lundi 11 janvier à 19 heures.

*

Thierry Mortiaux est un lettré. Il parle notamment le russe (il a vécu mille jours en Sibérie) et le mandarin (il s’exerce deux mois l’an en Chine). Il a abandonné la bande dessinée pour la gravure – la succession temporelle des images pour l’espace imposé au papier par la plaque.

Mortiaux dessine beaucoup : à la plume, au pinceau. Ses gravures combinent des éléments de ses dessins (dont il est insatisfait). Il incarne ces fragments dans la matière concrète de la matrice : vernis sur zinc, aquatintes, morsure d’acide et quelques épreuves. Se succèdent au pas de charge les contrastes et les paradoxes – les espaces perceptifs et les tensions sémantiques – d’une dramaturgie vouée à la chair dans un sourire qui montre les dents.

Mortiaux expérimente un large éventail de moyens plus picturaux que graphiques. Il ne s’interroge en rien sur l’art – mais il entreprend la maîtrise des écarts qui font interagir les éléments constitutifs de l’image (mouvements, intensités et grains) jusqu’à susciter l’espace-temps dont l’activité caractérise l’œuvre avérée. Une mémoire photographique authentifie le détail de ces scènes imaginaires. Et parmi les étrangetés arrachées au métal, nourries de barbaries russes, chinoises ou autres, apparait la trace discrète d’attachements personnels.

Georges MEURANT

 

Le Salon d'art, rue de l’Hôtel des Monnaies, 81 - 1060 Bruxelles - tél. 02 537 65 40 www.lesalondart.be

Salon ouvert du mardi au vendredi de 14 h à 18 h 30

le samedi de 9 h 30 à 12 h et de 14 h à 18 h.

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31 décembre 2009 4 31 /12 /décembre /2009 18:15

Carlier.jpg

Le musée Félix De Boeck, rebaptisé « FeliXart Museum » est désormais un passage obligé pour toute personne s’intéressant à l’avant-garde littéraire et artistique en Belgique. Félix De Boeck (1898-1995) est un peintre qui s’est surtout fait connaître en tant que membre de la première génération des modernistes en Belgique, partisans de la « zuivere beelding » (plastique pure inspirée par « De Stijl »). C’est le cercle « Doe stil voort » en 1918 qui lui fait découvrir le futurisme et ensuite l’abstraction en y rencontrant entre autre Prosper de Troyer, Jozef Peeters, Edouard Van Dooren, Victor Servranckx, Jan Cockx, Albert Daenens.

Ce musée dormait dans les greniers de la maison communale de Drogenbos, il a fallu attendre 2005, pour qu'il soit reconnu officiellement par la Communauté Flamande, et 2007 pour qu'un tout nouveau bâtiment moderne de trois plate-formes l'abrite, et enfin l’arrivée de son nouveau directeur Sergio Servellón pour qu'il devienne la véritable institution qui fonctionne aujourd'hui. Outre l’exposition permanente des œuvres de Félix De Boeck, cinq expositions temporaires ont déjà été organisées, souvent avec le concours de la Verbeke Foundation et de sa prestigieuse collection: Karel Maes, l’Équerre, Appell, le cube au carré, Maurice Carlier. L’Équerre est encore visible actuellement car il s’agit d’un « work in progress », à savoir la reconstitution fidèle d’un stand construit par Victor Bourgeois, pour la revue 7 Arts et la maison d’édition L’Équerre, lors du salon des arts belges d’esprit nouveau organisé au palais d’Egmont par La Lanterne Sourde (décembre 1923). Le visiteur pouvait y admirer les œuvres de Felix De Boeck, Pierre-Louis Flouquet, Jozef Peeters, Karel Maes et Victor Servranckx.

La dernière exposition temporaire, prolongée jusqu’au 4 avril 2010, est consacrée au travail de l’artiste multiforme Maurice Carlier (1894-1976). Après des études d’architecture à l’école St Luc, et d’arts plastiques à l’Académie de Bruxelles et de Saint-Josse-ten-Noode, il s’oriente vers une carrière d’architecte en suivant des stages chez Alfred Van Huffel (1877-1935) et Victor Creten (1878-1966). Les deux premières salles nous font découvrir ses aquarelles des ruines de Nieuport (février 1919), ses meubles modernes pour l’Exposition internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes de Paris (1925) et ce qu'il fit pour Madame Van Dooren, directrice de la Maison Fortiter / Armel (1926-1931). S’y côtoient en outre ses peintures expressionnistes, ses dessins de nus et ses sculptures stylisées d’avant-guerre.

En descendant l’escalier nous découvrons un autre monde, proche des délires modernistes de l’Expo 58 pour laquelle Carlier avait réalisé des sculptures en 1955-56 mais que la commission artistique ne retint pas. Pour consoler l’artiste évincé elle lui confia en juillet 1957 deux sculptures (L’Eté, L’Hiver) destinée à un jardin dessiné par René Pechère (1908-2002).

Les autres murs nous rappellent les recherches scientifiques de l’artiste sur les rapports entre l’objet (sculpture, architecture, bas-relief) et la lumière, qui avaient été exposées au Palais des Beaux-Arts en 1948. Ce sont des photographies qui mettent en évidence la variété de formes et de grisés qu’on peut obtenir sur des bas-reliefs selon la façon de les éclairer.

Fin 1949, Carlier crée une machine solaire  qui permet de reproduire les variations de l’éclairage d’une sculpture par le soleil. Cette machine fut offerte à l’Institut supérieur d’Archéologie et d’Histoire de l’Art de Louvain-la-Neuve et aboutit à la décharge en 2005. Une salle particulière a été consacrée à ce qu’il en reste.

La période la plus intéressante est, à notre avis, celle que le catalogue appelle « Vie en spirale » (1948-1960) proche des recherches de la forme pure chez Jean Arp (1886-1966). Carlier est passionné par les formes des coquillages, par leur harmonie, par leurs lignes courbées. Il recherche une silhouette idéale pour ses sculptures. Ces recherches débouchent sur des réalisations aux formes enivrantes, d’une simplicité déconcertante où le regard peut facilement se laisser conduire à travers les méandres de ses vagues.

La dernière période « en quête de formes absurdes » (1960-1976) laisse de côté ses idéaux de forme, de lumière, pour se concentrer sur l’assemblage, la confrontation des formes, et la reconstitution personnelle d’objets inspirés par les arts premiers.

Robin de Salle


Sergio SERVELLÓN (éd), Maurice Carlier: licht in beweging, Drogenbos, éd. FeliXart Museum, 2009. (Introduction de Sergio Servellón, traduction française et anglaise, récapitulatif des expositions en fin de catalogue).

FeliXart Museum, Kuikenstraat 6, 1620 Drogenbos

www.felixart.org

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