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31 décembre 2009 4 31 /12 /décembre /2009 18:15

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Le musée Félix De Boeck, rebaptisé « FeliXart Museum » est désormais un passage obligé pour toute personne s’intéressant à l’avant-garde littéraire et artistique en Belgique. Félix De Boeck (1898-1995) est un peintre qui s’est surtout fait connaître en tant que membre de la première génération des modernistes en Belgique, partisans de la « zuivere beelding » (plastique pure inspirée par « De Stijl »). C’est le cercle « Doe stil voort » en 1918 qui lui fait découvrir le futurisme et ensuite l’abstraction en y rencontrant entre autre Prosper de Troyer, Jozef Peeters, Edouard Van Dooren, Victor Servranckx, Jan Cockx, Albert Daenens.

Ce musée dormait dans les greniers de la maison communale de Drogenbos, il a fallu attendre 2005, pour qu'il soit reconnu officiellement par la Communauté Flamande, et 2007 pour qu'un tout nouveau bâtiment moderne de trois plate-formes l'abrite, et enfin l’arrivée de son nouveau directeur Sergio Servellón pour qu'il devienne la véritable institution qui fonctionne aujourd'hui. Outre l’exposition permanente des œuvres de Félix De Boeck, cinq expositions temporaires ont déjà été organisées, souvent avec le concours de la Verbeke Foundation et de sa prestigieuse collection: Karel Maes, l’Équerre, Appell, le cube au carré, Maurice Carlier. L’Équerre est encore visible actuellement car il s’agit d’un « work in progress », à savoir la reconstitution fidèle d’un stand construit par Victor Bourgeois, pour la revue 7 Arts et la maison d’édition L’Équerre, lors du salon des arts belges d’esprit nouveau organisé au palais d’Egmont par La Lanterne Sourde (décembre 1923). Le visiteur pouvait y admirer les œuvres de Felix De Boeck, Pierre-Louis Flouquet, Jozef Peeters, Karel Maes et Victor Servranckx.

La dernière exposition temporaire, prolongée jusqu’au 4 avril 2010, est consacrée au travail de l’artiste multiforme Maurice Carlier (1894-1976). Après des études d’architecture à l’école St Luc, et d’arts plastiques à l’Académie de Bruxelles et de Saint-Josse-ten-Noode, il s’oriente vers une carrière d’architecte en suivant des stages chez Alfred Van Huffel (1877-1935) et Victor Creten (1878-1966). Les deux premières salles nous font découvrir ses aquarelles des ruines de Nieuport (février 1919), ses meubles modernes pour l’Exposition internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes de Paris (1925) et ce qu'il fit pour Madame Van Dooren, directrice de la Maison Fortiter / Armel (1926-1931). S’y côtoient en outre ses peintures expressionnistes, ses dessins de nus et ses sculptures stylisées d’avant-guerre.

En descendant l’escalier nous découvrons un autre monde, proche des délires modernistes de l’Expo 58 pour laquelle Carlier avait réalisé des sculptures en 1955-56 mais que la commission artistique ne retint pas. Pour consoler l’artiste évincé elle lui confia en juillet 1957 deux sculptures (L’Eté, L’Hiver) destinée à un jardin dessiné par René Pechère (1908-2002).

Les autres murs nous rappellent les recherches scientifiques de l’artiste sur les rapports entre l’objet (sculpture, architecture, bas-relief) et la lumière, qui avaient été exposées au Palais des Beaux-Arts en 1948. Ce sont des photographies qui mettent en évidence la variété de formes et de grisés qu’on peut obtenir sur des bas-reliefs selon la façon de les éclairer.

Fin 1949, Carlier crée une machine solaire  qui permet de reproduire les variations de l’éclairage d’une sculpture par le soleil. Cette machine fut offerte à l’Institut supérieur d’Archéologie et d’Histoire de l’Art de Louvain-la-Neuve et aboutit à la décharge en 2005. Une salle particulière a été consacrée à ce qu’il en reste.

La période la plus intéressante est, à notre avis, celle que le catalogue appelle « Vie en spirale » (1948-1960) proche des recherches de la forme pure chez Jean Arp (1886-1966). Carlier est passionné par les formes des coquillages, par leur harmonie, par leurs lignes courbées. Il recherche une silhouette idéale pour ses sculptures. Ces recherches débouchent sur des réalisations aux formes enivrantes, d’une simplicité déconcertante où le regard peut facilement se laisser conduire à travers les méandres de ses vagues.

La dernière période « en quête de formes absurdes » (1960-1976) laisse de côté ses idéaux de forme, de lumière, pour se concentrer sur l’assemblage, la confrontation des formes, et la reconstitution personnelle d’objets inspirés par les arts premiers.

Robin de Salle


Sergio SERVELLÓN (éd), Maurice Carlier: licht in beweging, Drogenbos, éd. FeliXart Museum, 2009. (Introduction de Sergio Servellón, traduction française et anglaise, récapitulatif des expositions en fin de catalogue).

FeliXart Museum, Kuikenstraat 6, 1620 Drogenbos

www.felixart.org

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commentaires

M
<br /> Quelques erreurs à souligner...<br /> - le nouveau musée Felix De Boeck date de 1995 et non de 2007!<br /> - Van Dooren avait pour prénom Edmond et non Edouard!<br /> - Carlier ne dessina qu'un plan d'école rurale pour l'Expo des Arts décoratifs de Paris en 1925, les visiteurs ne verront donc pas de dessins de meubles reliés à cette expo!<br /> - Rien ne subsiste de la Machine solaire de Carlier. Il est donc abusif de vouloir voir dans l'outil pédagogique situé en fin de parcours des restes de la machine solaire de Carlier<br /> <br /> Par ailleurs:<br /> - dommage que les noms d'auteurs de "délires modernistes" à l'Expo de 1958 ne soient pas donnés. Cela éclairerait sur la nature des jugements portés par l'auteur de l'article sur la création<br /> passée<br /> - affreux lyrisme qui ferait se retourner Marinetti dans sa tombe: "le regard peut facilement se laisser conduire à travers les méandres de ses vagues"!<br /> <br /> <br />
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