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26 mai 2013 7 26 /05 /mai /2013 23:07

Le recueil Octavie de Paul Neuhuys (1897-1984) a été achevé d'imprimer en septembre 1977. Composé en caractère Bookman c. 12 d'après une maquette typographique de Pierre Leguerrier, son tirage a été limité à 330 exemplaires sur papier Licorne VGZ numérotés de 1 à 330 et 20 exemplaires sur Vergé de Hollande Van Gelder Zonen numérotés de I à XX contenant chacun un poème autographe de l'auteur.

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Ce fut l' « admiration » éprouvée à la lecture d'Octavie qui incita Alain Bosquet (1919-1998) à publier un choix de poèmes de Neuhuys chez Belfond: « dans le domaine de la nostalgie sous cape, qu'a-t-on écrit de plus poignant et de plus gifleur depuis Apollinaire ? »

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Octavie est quasiment introuvable. Il est temps de la ressuciter. Mes prochains billets seront donc consacrés à cet acte de piété. En attendant, je publie ici l'avant-propos de Paul Neuhuys, qui servira de guide à cette évocation...

Henri-Floris JESPERS

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Dix ans après le Septentrion  (1), voici Octavie... L'allusion est assez transparente pour qu'on ne s'y attarde pas trop. Démission devant l'absurde, rémission par le merveilleux. C'est toute l'histoire d'Octavie.

 

Octavie est le fruit de la persévérance. Ce n'est pas facile d'arriver à ses vieux jours tout en restant le poète du bonheur. Tu verras, fillette... le bonheur de bâtir une robe de bure.

 

Octavie est en quatre fois vingt divisée :

 

Place Verte insiste sur le côté peinture et la perspective florale, végétale d'une ville dont l'opulence est tempérée, dans les idées et les choses, par une tradition de quiétisme et de maniérisme.

 

Le Spéculum d'Euclide est un miroir secret qui prétend s'éclairer d'un érotisme phosphorescent pour aller plus au fond des choses.

 

Octavie, proprement dite, glisse à l'intériorité sereine d'une personne qui a beaucoup vécu. Avec elle on rentre chez soi.

 

Tandis qu'avec le Cinéma du Samedi, on sort de chez soi. Le monde extérieur existe. Ce sont les gens et la vie qui reprennent le dessus grâce à la caméra du court-métrage. 

 

 

J'aurais voulu mettre une épigraphe en tête de chaque chapitre, mais j'y ai renoncé pour ne pas fausser l'optique du lecteur et nous faire suspecter, Octavie et moi, de fatuité. Parmi les citations glanées au cours de mes lectures, il y avait notamment celle-ci qui est de Renan: “Ce n'est pas parce qu'elle croit à la Vierge qu'une mère est vertueuse, mais c'est parce qu'elle est vertueuse qu'elle demeure attachée à la tradition de son enfance”. Ou bien cet autre qui est de Nietzsche: “Le contentement de l'esprit passe tous les plaisirs du monde”...

 

De même que j'ai renoncé aux épigraphes, j'ai supprimé les dédicaces. Parce qu'il y en avait trop, trop parmi les morts comme parmi les vivants. J'ai beaucoup hésité cependant, en me rappelant tout ce que je dois à la solide érudition d'un Robert Guiette ou à la fragile sollicitude de... Sont mes amis ceux qui s'informent d'Octavie. La voici donc puérile, déréglée, difficile, oubliée.

 

Si le sagesse du vieillard consiste à envisager la mort comme une fête, ce n'est pas une raison, pour Octavie, de regarder la vie comme une défaite.

 

Paul NEUHUYS

 

(1) Paul NEUHUYS, Septentrion. Poèmes illustrés de sept dessins par Albert Neuhuys, Anvers, Librairie des Arts, 1967, 103 p.

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