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6 juillet 2014 7 06 /07 /juillet /2014 04:48

 

Jos-Leonard_1925.jpg

Jos Leonard, Composition 25, huile sur papier, 1925

Contrairement à Paul Neuhuys, “pimpant, allègre, (...) poète chic, (...) homme de lettres dont raffolent les demoiselles”, rimant “comme un marquis” et “spirituel comme Voltaire”(1), Paul Joostens est déjà en 1919 profondément marqué par cette morose misanthropie et ce sentiment aiguisé de l’absurde qui ne feront que s’affirmer avec plus de force sinon de violence. Une longue missive adressée au peintre Jos Léonard (1897-1952) révèle déjà tous les thèmes qu’il développera jusqu’à l’extrême dans ses écrits ultérieurs : éloge de la paresse, haine de la nature et du bourgeois, misogynie pathologique, élitisme et pessimisme culturels incurables :

« Je ne crois pas que l’homme soit fait pour le travail. Ceci en passant, pour satiriser l’énorme pesanteur de l’enthousiasme artistique ou de la productivité — ou faut-il que l’usine fabrique à l’infini — camisole de force. (...) Non, le travail n’est pas tellement indispensable, mais bien de se sentir libre et d’être, à ses propres yeux, le premier. »

« Ne crois pas que la nature travaille avec intelligence — elle est bête. La sensation visuelle que nous avons héritée doit être exterminée par notre pensée. Mais je ne construis plus de systèmes philosophiques, ce sont des châteaux de cartes. »

« Ma constitution est forte — et ma ligne de vie est bonne. Mais vivre selon mes principes n’est pas mon fort. »

« Il est clair que les idéaux sont sans valeur. »

« L’homme et la femme sont irréductiblement étrangers l’un à l’autre. (...) L’homme le plus fort est encore plus faible que la dernière des femmes. »

(Lettre à Jos Leonard, 1921)

HFJ

 

(1) Lettre de W. KONINCKX à P. NEUHUYS, 27 décembre 1919, coll. privée.

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