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22 mai 2009 5 22 /05 /mai /2009 02:48


Guy Vandenbranden, Composition, 1968

Robin de Salle publie une interview avec Sofie Van Bruystegem et Jim Segers, deux membres actifs de l'asbl Citymine(d) qui s'efforce entre autres à créer un réseau artistique qui échappe aux circuits institutionnels ou commerciaux traditionnels. En dix années d’existence, l’initiative locale bruxelloise qu’était City Mine(d), est devenue un mouvement urbain international (Bruxelles, Londres, Barcelone) où de nombreuses initiatives ont pu voir le jour. City Mine(d) joue un rôle de pionnier dans la création de nouvelles formes de liens économiques, sociaux, politiques et culturels dans la ville.

Dans le cadre des recherches sur la Galerie Saint Laurent à Bruxelles, Connexion a déjà évoqué Paul Joostens et Michel Seuphor. Cette fois-ci, Henri-Floris Jespers évoque longuement le peintre Guy Vandenbranden (°1926), “un artiste exceptionnel, un personnage hors pair”. Formé à l'académie libre L'Effort à Bruxelles, Vandenbranden réalise au début des années cinquante des toiles d'une abstraction poussée. Sous l'influence de Mondrian et de Vasarely, il opte dès 1952 pour le constructivisme. Membre du groupe Art abstrait (1952), il est co-fondateur avec Jo Delahaut (1911-1992) et Pol Bury (1922-2005) du groupe Art abstrait-Formes (1956) et Art construit (1960). Co-signataire du manifeste de la Nieuwe Vlaamse School en 1960, Guy Vandenbranden est co-fondateur du Centre international d'Études d'Art Constructif. Mentionné, en 1957, au prix Jeune Peinture belge, Vandenbranden remporte en 1958 le prix Hélène Jacquet.

Vandenbranden est fortement présent dans l'espace public. Ses peintures et reliefs constituent en effet autant de projets à réaliser en format monumental, comme en témoignent la fresque au Centre Culturel de Strombeek-Bever ou le vitrail (1982) de la gare de l'Ouest du métro de Bruxelles. Composé de quinze éléments consécutifs, ce vitrail s'intègre à l'architecture: la composition est une partie essentielle du mur lui-même et remplit en même temps une fonction lumineuse. Peintures murales, constructions et compositions diverses de Guy Vandenbranden sont intégrées à l'Hôpital Universitaire d'Anvers (UZA), qui abrite également des œuvres d'entre autres Wim Delvoye, Jan Fabre, Paul van Hoeydonck et Panamarenko. L'école juive Tachkemoni à Anvers conserve également des œuvres marquantes de Vandenbranden.

Les peintures de Vandenbranden affirment une autonomie souveraine, fondant une “gaya scienzia”, une liberté joyeuse qui ne peut se maintenir que par l'implacable développement logique de règles librement consenties. Il ne s'agit pas de l'expression la plus individuelle d'une émotion intime, mais du développement inexorable d'un concetto intellectuel, d'un disegno interno – dessin et dessein. Il n'est pas question d'en tempérer la rigueur ou de tenter de s'y soustraire. […] Les peintures de Vandenbranden constituent des champs autonomes et participent du règne de la quantité. En effet, les volumes inaugurent des perspectives étranges et tronquées, et la construction géométrique, qui relève d'une élaboration minutieuse et quasi mathématique (Vandenbranden applique le modulor du Corbusier), suscite un trompe-l'œil perpétuel. Mais il ne s'agit pas de présences ou de valeurs qualitatives, c'est-à-dire chargées de sens, mais de volumes purement quantitatifs, de plans télescopés, d'aplats suscitant des contrastes simultanés. [...] Vandenbranden est sans conteste le plus passionné des abstraits froids, frôlant parfois cette dissonance concordante chère aux maniéristes de la Renaissance.”

Guy Vandenbranden et Henri-Floris Jespers, VECU, 1978

Connexion ouvre un nouveau dossier sur Van Bruaene et sur La Fleur en Papier doré. Quatre chroniques sont d’ores et déjà en chantier. La première livraison est consacrée à Marc. Eemans (1907-1998), la “brebis galeuse” du surréalisme bruxellois, ami de Van Bruaene depuis les années vingt et habitué de la Fleur.

Les relations d'Eemans avec le premier groupe surréaliste belge font l'objet de l'essai d'Henri-Floris Jespers, qui souligne que la sympathie qu'éprouvait Eemans pour Van Bruaene avait quelque chose de touchant.

Eemans pratiquait avec virtuosité l'anecdote malveillante mais, curieusement, je ne l'ai jamais entendu prononcer une seule parole fielleuse à propos de Van Bruaene.”


Marc. Eemans, L'amie tragique, 1928


La lecture n'est pas une activité limitée à un lieu et à un temps déterminé et sa pratique peut prendre de multiples formes. “Lecture, totalité et petites banalités”, tel est le titre de la chronique du bibliothécaire Rony Demaeseneer (très actif dans le milieu littéraire: Festival Passa Porta, Midis de la Poésie, Le Carnet et les Instants...) consacrée à la lecture à voix haute, une pratique qui revient à la mode mais qui plonge ses racines dans les pratiques orales du passé.

Serait-il si inconcevable d’imaginer réintroduire la lecture à voix haute dans nos habitudes quotidiennes ? Pourquoi ne pas tenter l’expérience ? Celle, par exemple, d’élever la voix, de faire entendre aux autres passagers du métro, serrés comme nous aux heures de pointe, les beaux mots de l’auteur qui nous fait chavirer. Plutôt que de subir le compte-rendu précis des plaintes intimes de notre voisin, éructant dans le micro baladeur de son portable, ne pourrions-nous pas, à notre tour, lui infliger, avec emphase, quelques passages du Journal de Jules Renard ou certaines brèves de comptoir de l’ami Gourio. Mais nous préférons, peut-être, nous taire et écouter les basses tonitruantes claquant dans un MP3 dernier cri. Sans pousser la voix jusque là, arrêtons-nous, le temps d’une correspondance, sur quelques lieux et initiatives qui permettent à cette oralité de s’exprimer, de s’appréhender.”

L'importance du témoignage oral est abondamment illustré par l'excellent ouvrage de Clémentine M. Gaïk-Nzuji, Tu le leur diras. Le récit véridique d'une famille congolaise plongée au cœur de l'histoire de son pays (Bruxelles, éd. Alice, 2005), auquel Robin de Salle consacre un compte-rendu bien charpenté.

Signalons enfin les croquis de RodeS et les photos d'Agathe Kitoko.


Connexion, numéro 17, avril 2009, 46/2 rue Blaes, 1000 Bruxelles.

revueconnexion@yahoo.fr Abonnement pour 5 numéros: 30 € à verser au compte 001-3244284-01. Prix à la pièce : 6 €

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