Le Bulletin ça ira: historiographie de la revue d'avant-garde du même nom (1920-1923) et des éditions (Michaux, Pansaers e.a.)
Photo: Bert Bevers (16 avril 2012)
Frappé d'une thrombose cérébrale, l'écrivain Alain Germoz (pseudonyme d'Alain Avermaete) est décédé hier soir 27 avril à Anvers.
Personnage effacé mais combien attachant, il rédigea au début du siècle une notice biographique :
Né en 1920. Entame des études d’architecture pendant l’occupation nazie, et résiste à la morosité ambiante grâce à l’écoute des grands du jazz. Aide des amis juifs. Dès le déferlement des bombes volantes sur Anvers, se lance dans le journalisme. En 1945-46, correspondant de NewYork, notamment pour la revue Artès. Sous l’impression de New York City Ballets, exécutés à l’Opéra d’Anvers et ailleurs. Suivent les pièces de théâtre, puis des poèmes qui se démarquent des tendances en vogue dans les années vingt, quand Anvers, avec Ostaijen, Joostens, Neuhuys, Seuphor et bien d’autres, flirtera avec le dadaïsme et autres « -ismes ». Estimant l’activité littéraire incompatible avec le journalisme (tel qu’il est pratiqué à l’époque), il renonce pendant trente ans à publier, sans abandonner l’écrit. Fin quatre-vingts, il revient avec quelques recueils (poèmes, aphorismes, nouvelles), évite autant que possible de participer à la « vie littéraire », renonce par conséquent aux distinctions et prix littéraires, à l’exception du Prix Adam, décerné à Archipel qu’il a crée pour promouvoir la littérature internationale dans le domaine francophone et faire connaître des auteurs "connus", méconnus, inconnus ou oubliés, sans distinction de style ou de genre.
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Cocteau souligne qu’il y a des œuvres longues qui sont courtes (et d’autres, courtes mais hypnotiques et interminables...).Mais Germoz, lui, est l’auteur (le facteurdirait Bachelard) de textes qui semblent courts, mais dont les ramifications multiples et diversifiées méritent largement cette approche attentive et consciencieuse qui leur a trop souvent été déniée.C’est que son œuvre participe d’une volonté d’effacement et de dépersonnalisation.
Conscient que c’est pour quelques mordus qu’on se lance dans les opérations les plus despérées, Germoz constate :
Aujourd’hui, le riz condé a un goût âcre et les cris de Paul McCartney ou de Harold Pinter se perdront dans le grand silence hypocrite de l’indifférence intéressée. Que périssent nos valeurs, les pleutres sont au garde-à-vous.
Henri-Floris JESPERS
(à suivre)
« Dossier portatif. Alain Germoz : Aujourd’hui, le riz condé a un goût âcre », in Bulletin de la Fondation Ça ira, no29, 1ertrimestre 2007, pp. 13-29.
Mise en ligne fin avril 2008 sur le blog ça ira ! :
http://caira.over-blog.com/article-18888706.html
http://caira.over-blog.com/article-18888747.html
http://caira.over-blog.com/article-18888797.html
http://caira.over-blog.com/article-18888814.html
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Cf également
http://mededelingen.over-blog.com/article-alain-germoz-gisteren-overleden-118766041.html
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