Antonio Seguí expose du 8 mars au 8 mai au Salon d'art des peintures, des pastels et des estampes d'Antonio Seguí (Cordóba, Argentine, 1934), personnage protéen et combien attachant. À cette occasion, Jean Marchetti publie (dans l'inégalable collection “La Pierre d'alun”) La forêt du temps de Henri Vernes et Antonio Seguí.
Le critique d'art, journaliste et collectionneur Edward Shaw souligne qu' “en peignant Bernie Madoff, Antonio Seguí l'a fait entrer dans l'histoire de l'art. Cette série de tableaux sera probablement le seul souvenir positif qui restera du financier voyou”.
Otros Complices, série Madoff, acryl, 146 x 114, 2009
Vous ne connaissez pas l'univers fascinant de Seguí? Visitez donc son site: http://www.antonio-segui.com/index.html
La salon est ouvert du mardi au vendredi de 14 à 28h30, le samedi de 9h30 à midi et de 14 à 18h. Congé de printemps du 5 au 17 avril.
La salon d'art, rue de l'Hôtel des Monnaies, 81, 1060 Bruxelles.
En peignant Bernie Madoff, Antonio Seguí l'a fait entrer dans l'histoire de l'art. Cette série de tableaux sera probablement le seul souvenir positif qui restera du financier voyou. L'art du peintre recouvre sa douteuse carrière d'une patine sombre faite de pathos et de satire. Même la plus peuplée des toiles de Seguí ne saurait contenir les multitudes que Madoff a escroquées. Mais la licence poétique est permise aux artistes, et ici le peintre procède à une représentation sélective des victimes. Cuando llegó Madoff (Quand Madoff est arrivé) synthétise la situation: les citadins de Seguí paraissent traditionnellement subir les effets de la pression urbaine, le stress qui accompagne l'ambition pour les riches et les puissants, et la perspective obsédante de l'échec. Nadie supo lo que se venía (Personne n'a su ce qui se préparait) résume la nature de la faillite qu'ont récemment connue les peuples d'Occident. Seguí épingle sur la toile non seulement la propre mort du brigand, mais aussi celle de toute une génération de spéculateurs et de joueurs invétérés. L'artiste peint une atmosphère de débandade: celle d'une foule de gens détalant dans tous les sens, comme autant de poulets dont on aurait tranché le cou. Dans le cas présent, les pertes se réduisent à des simples baisses de statut, à moins de zéros sur le compte en banque. Bien des citoyens mériteraient de posséder l'une de ces œuvres, en manière de rappel de leur folie financière. Combien cependant auraient assez d'humour pour regarder le drame se dérouler, jour après jour, sur un tableau de Seguí?
Edward SHAW
(traduction Paul Lequesne)