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29 décembre 2012 6 29 /12 /décembre /2012 04:57

 

ClubdesMensonges.jpg

En 1931, l'amitié entre le dramaturge et le poète s'est bel et bien cristallisée. En janvier de cette année, Ghelderode écrit en deux jours Le Club des Mensonges, pièce en un acte dédiée à Paul Neuhuys, qu'il publiera (antidatée Anvers, 1920 – Bruxelles, 1930) dans la livraison du 20 janvier 1932 de l'hebdomadaire Le Rouge et le Noir. Dans le personnage principal, Saint-Georges (« Très jeune, un peu aristo, né fatigué – on le croit poseur, il ne l'est pas ») on reconnaît Neuhuys.

Est-il de la famille de celui qui tua le dragon ? Non, affirme Saint-Georges, « je suis de la grande famille des inutiles ». Sir Edward constate : « J'étais à Paris, il n'y a guère, et je m'étonnais de n'y point voir vos livres aux étalages. »

« Aux étalages ?... Je ne daigne, rétorque Saint-Georges. Vous trouverez mes poèmes dans les aquariums du Zoo, où les défendent d'effrayants poissons à moustaches... »

NeuhuysMarchand.jpg

Trois mois après avoir écrit Le Club des Mensonges, Ghelderode invite les lecteurs de La Flandre Maritime à lire Le Marchand de sable de Neuhuys :

Ce malicieux anversois est un « moderne », pour employer un terme qui ne signifie rien. Il est depuis toujours à l'avant-garde de la poésie. Mais non pas de la poésie louftingue, dont le règne est révolu d'ailleurs. Neuhuys détient une tradition purement classique. Il est plus près de Ronsard que de Tristan Tzara. Rien n'est limpide et tracé comme son vers. Sans doute raille-t-il et aime-t-il les pirouettes. C'est le rythme du temps. Les clowns ont deux visages. Neuhuys, lorsqu'il s'amuse, n'agit pas autrement que les plus grands : Verlaine, Apollijaire, Corbière, Cocteau. Il raille parce qu'il est ému. Il fait des pirouettes pour dissimuler son angoisse. C'est un enfant du siècle, un enfant terrible, et terriblement candide, comme tous les enfants des époques désabusées. Il est tendre et déchiré. Le marchand de sable passa et lui jeta de la poudre d'illusion dans les yeux. Ses yeux clignent et deviennent humides. 

Henri-Floris JESPERS

(à suivre)

Paul Neuhuys, Le Marchand de Sable, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1931, 52 p.

Michel de Ghelderode, « Le marchand de sable », in La Flandre Maritime, 11 avril 1931, p. 2.

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