Le troisième recueil de Gobron, Instants, dédié à Caprine Carême (née Andrée Gobron) ; parut en 1984. Ce sera le dernier à être illustré par son mari. Sorti des presses de la célèbre imprimerie Sainte-Catherine à Bruges en septembre 1984, ce recueil réunit près de quatre-vingt poèmes. Mis à part les quelques signalements bienveillants publiés dans les revues et revuettes que seul les poètes lisent, ce seront de nouveau quelques témoignages personnels qui enchanteront Marie-Jo.
Jeanine Moulin (1912-1998), exégète perspicace et érudite de Nerval et d’Apollinaire, relève la ‘fraîcheur de l’inspiration et la robustesse du style’ de la poésie de Gobron, ‘un don de l’image tout à fait exceptionnel’ et épingle quelques poèmes ‘d’une incontestable originalité’.1
Le poète Pierre Menanteau (1895-1992), avec qui Marie-Jo partage l’amour des animaux, constate que si les poèmes de Gobron sont courts, ils n’en sont pas moins chargés de sens et évoquent des instants d’éveil.2
Lucienne Desnoues (1921-2004) lui écrit une longue lettre :
...nous avons des passions en commun : l’amour, les arbres, le végétal, l’eau, les mots, les notations sensorielles. Vous parlez de la pluie comme personne et cela donne à votre travail une fluidité frisonnante, une espèce de longue allégresse en larmes.
Vos instants sont pleins de petites trésors qu’on regarde briller avec reconnaissance. Vous ne laissez pas passer la vie sans la piller.
Vous ne regardez pas passer le temps sans vertige, mais vous avez toujours des sursauts courageux, enthousiastes, sensuels qui sont bien d’une femme, et d’une terrienne, et se traduisent avec une prestesse, des couleurs, des trouvailles qui me ravissent.3
Marie-Jo Gobron soumet un nouveau recueil aux éditions Saint Germain des Prés à Paris. Le comité de lecture émet un avis favorable :
Cet auteur, qui a compté parmi les familiers de Maurice Carême dont nous avons publié certaines poésies, nous livre ici des poèmes pétris comme des tailles douces, brefs, forts et drus. L’intelligence n’y écarte jamais la sensibilité et l’intuition.
La culture, de même, fait bon ménage avec l’instinct. IL y a aussi un ‘accent’ particulier, un style d’une belle efficacité, une invention, une imagerie tout à fait originales. On décèle, ici et là, un zeste de classicisme vite absous par la modernité de la pensée.
Michel Breton annonce à Marie-Jo Gobron que son recueil Paysage intérieur est retenu pour la collection ‘À l’écoute des Sources’, ‘destinée à accueillir les nouveaux écrivains d’aujourd’hui’.4
Paysage intérieur réunit quarante-cinq poèmes et paraît en été 1990. La quatrième de couverture fait état de
poèmes pétris comme des tailles douces, brefs, forts et drus. [...] Le poète travaille dans le creuset de ses sensations. La nature et ses sortilèges l’illuminent, nourrissant un atelier de métaphores qui disent le quotidien dans tous ses états, sereins ou inquiétants, pour mieux enchanter le réel.
Ce fut à l’occasion de la parution de Paysage intérieur que je publiai un essai consacré à l’œuvre de Marie-Jo Gobron, avec qui j’étais en correspondance et que j’avais rencontrée à Bruges peu après la parution du recueil, lors d’une visite à la librarie d’Arthur van de Velde, érudit inoubliable et passablement excentrique (‘Een sterke stem’, in Diogenes, juli-augustus 1991, pp. 85-87, à télécharger sur www.mariejogobron.com)
Henri-Floris JESPERS
(à suivre)
1Lettre de Jeanine Moulin à MJG, Bruxelles, le 29 décembre 1984. Coll. privée.
2 Lettre de Pierre Menanteau à MJG,. Issy-les-Moulineaux, le 26 novembre 1984. Coll. privée.
3 Lettre de Lucienne Desnoues à MJG,. Montjustin, le 25 janvier 1985. Coll. privée.
4 Lettre de Michel Breton à MJG,. Paris, le 22 avril 1987. Coll. privée.