"Avant, j’aurais dit: la Belgique n’existe que dans l’imagination de quelques colonels et de leurs maîtresses. Personne à Anvers ne se sent belge, à part quelques artistes, qui aiment le côté indécis. On se sent donc Bruxellois, Wallon… Personnellement, j’ai une tendance: je me sens comme un flamingant francophone ! Toute ma jeunesse a été baignée par le souci d’avoir une patrie flamande. La question belge a aussi un côté loufoque: pourquoi chercher des ancêtres ? Ou bien ils sont là ou bien non. On ne peut pas les forger à partir d’un néant. Chez nous, avant la guerre, pendant la guerre, on a cherché désespérément des mythes, une histoire. Dès mon jeune âge, j’ai eu la conscience d’appartenir à une communauté, la Flandre, qui a un passé, alors que la Belgique n’a pas de passé. Alors ce pays a-t-il un avenir? La vraie question est: la planète a-t-elle un avenir? Je vous assure que je n’ai pas été élevé chez les Jésuites…"
Hugo CLAUS
(René ZAHND, Entretien avec Hugo Claus,
In : Le Passe Muraille (Lausanne), no 33, décembre 1997.)