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3 janvier 2009 6 03 /01 /janvier /2009 22:47

Je ne chicanerai pas Mme Alfano sur des vétilles – trop nombreuses à mon sens ; je ne m’étendrai pas sur les coquilles : René Didischeim (p. 48), Kasimir Edchmid (p. 68), De Driehoeck (p. 104), Willy Konninckx (p. 132), Museum voor Schoone Kunsten (p. 147), Valéry Larbaud (pp. 113, 130 et 167 – mais est-ce bien une coquille... ?) –  bien qu’elles déparent une publication qui se veut le produit d’une recherche rigoureuse ; je n’insisterai pas sur les citations de deuxième ou de troisième main – bien qu’ainsi isolées elles ne reflètent pas toujours la démarche de l’auteur avec la fidélité exigée ; je ne m’occuperai pas de relever les formulations d’une naïveté navrante, les poncifs, les télescopages et autres broutilles.

À la limite, je pourrais considérer «  La Renaissance d’Occident, de Pierre Fontaine » (p. 92) comme un lapsus calami ... Mais ce n’est pas la seule revue que Mme Alfano ne semble connaître que par le biais de deux sources secondaires, dont l’une est d’ailleurs parfois sujette à caution.

À trop vouloir en dire, Mme Alfano s’embourbe dans son propos, que ce soit au sujet du symbolisme, des poètes modernistes, des Anciens, de la poésie traditionnelle et de l’air du temps (p. 89) ou, pire encore, dans son approche « des nombreux changements de mentalités que connut l’après-guerre sur le plan de l’unité de la nation belge » (pp. 96-97). Mais, hélas, quand elle est péremptoire, la proposition est sommaire (et ne résiste pas toujours à l’examen). Avancer qu’en Belgique « les années vingt ont connu un bouillonnement et un renouveau artistique plus marquant qu’en France ou en Allemagne » (p. 15) me semble une thèse pour le moins audacieuse...

À propos de « la touche de nouveauté et de modernité originale » que la Russie soviétique apporte dans les domaines artistiques et littéraires, Mme Alfano avance que « Les Lanterniers furent de véritables précurseurs dans l’intérêt porté à ce renouveau littéraire et artistique » (p. 63). Et de signaler en bas de page : « voir la lettre de félicitations de Trotsky en 1925 ». « C’est donc dès 1925 [...] que Pierre Bourgeois [...] s’attache plus particulièrement à la découverte et à l’accueil de la littérature russe contemporaine » (p. 64).

Dès 1925, c’est-à-dire cinq ans après les articles de Paul Manthy et Nico Bunt dans Ça ira, quatre ans après les publications d’Elie Ehrenbourg dans Signaux de France et de Belgique, trois ans après la publication du numéro de Lumière auquel Serge Essénine, Vladimir Maïakovski, Elie Ehrenbourg, Ossip Mandelstamm en Marina Tsvetaïeva collaborèrent.

Quant à la lettre attribuée par Mme Alfano à Trostky, elle est en fait de la main d’Anatoli Vassilievitch Lounatcharski, Commissaire soviétique à l’Instruction d’octobre 1917 à 1929 !

Voilà que me revient en mémoire un passage du journal de Paul Neuhuys : « Il est toujours gênant d’entendre parler les gens de ce qu’ils ne connaissent pas. »

Henri-Floris JESPERS

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