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14 juillet 2008 1 14 /07 /juillet /2008 22:22

Apprenant le décès d’Henri Chopin (18 juin 1922 – 3 janvier 2008), Kurt de Boodt évoquait la dernière performance d’Henri Chopin en Belgique, le 15 décembre 2007 au Studio du Palais des Beaux-Arts à Bruxelles :

Henri Chopin stond achter en op de scène scherp. Aan het slot verkondigde hij dat hij nog 16 jaar zou leven. Hij beloofde ook vlug naar België terug te komen. Aan ons land bewaarde hij de beste herinneringen, o.a. dankzij de contacten met Paul en Freddy de Vree, en Herman Sabbe. “Mij maak je niet wijs dat er zoiets als een ziel bestaat,” zei hij. Chopin geloofde enkel in het lichaam, maakte sonore poëzie met hart en… lijf. Met zijn adem, mond- en neusholte, ja, zelfs met de haartjes in zijn neus. En met de analoge hulp van micro, taperecorder, geluidsprekers. Aan het begin van zijn optreden gaf de taperecorder ogenschijnlijk de geest. Na wat gemopper van Chopin en een pijnlijke stilte kwam een Bozar-technicus cooltjes het podium op, en kreeg met één duw of klop het ding weer aan de praat. Nu heeft het lichaam het laten afweten. Onwezenlijk.

C’est à la même occasion que Frédéric Acquaviva confia à Robin de Salle que la poésie sonore n’intéresse pas grand monde en France.

 Henri Chopin - Radiophonics 2003 Bruxelles, 2 décembre 2003. Photo: (c) Kris Kenis.

Dans la dernière livraison de L’art même (no 39),  Denis Gielen publie “Deux ou trois choses que je sais d’Henri Chopin”. Il constate que celui-ci, « contrairement à un André Breton, n’a jamais désiré être le pape d’aucun mouvement » et « qu’à l’instar du Lettrisme et du Situationnisme »,

sa poésie sonore fut bel et bien révolutionnaire au sens politique où elle n’eut de cesse de s’en prendre au conditionnement de notre pensée par les mots. À considérer enfin les déconstructions linguistiques au sein des mouvements contre-culturels des années 1960, du Nouveau Roman à l’Art conceptuel en passant par la Nouvelle Vague, elle est même devenue l’une des influences historiques les plus fécondes. 

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Le musicien Joachim Montessuis souligne (www.mouvement.net) que Chopin restera un exemple de ceux, « trop rares » , qui sont allés « jusqu’au bout ».

C’était tout de même un sacré énervé. Souvent virulent, l’air de rien. Je le trouvais assez peu compris et apprécié en France, par les poètes comme par les musiciens, alors qu’il était une sommité extrêmement respectée internationalement. [...] Toute une génération était en train de le découvrir grâce à Internet, le milieu du noise l’accueillait à bras ouverts [...].

À la même adresse, Florent Delval nous rappelle que Chopin a été beaucoup plus loin qu’Isidore Isou :

Henri Chopin nous a quittés peu de temps après Isidore Isou [...]. L’un comme l’autre n’auraient pas aimé se voir cités côte à côte dans la même phrase. Pourtant, tous deux ont participé à la dernière avant-garde historique. Avec le Lettrisme, Isou a tenté de proposer un système alternatif à celui imposé par la Société, totalité où la poésie s’est finalement perdue jusqu’à devenir anecdotique. Dans son délire, le maître d’école régentant son petit groupe n’a pu tolérer Henri Chopin, sauvage énergumène, chantre d’un illettrisme radical quand Isou, qui se débarrassait de la grammaire et du lexique, mimait encore des phrases. [...] On se souviendra d’un texte [...] où Chopin, sourire en coin, ironise sur un Barthes appelant à une nouvelle poésie. Quelque peu désabusé, Chopin ne prendra jamais la peine de crier : « Regardez, elle est là, devant vous ! », trop fier pour s’accommoder des chapelles de l’époque. On comprend la rancœur qui émaille certains de ses témoignages ou de ses manifestes. Rares sont en effet, les tirages qui comportent plus de trois chiffres. Mais, au gré des modes, la poésie sonore est revenu récemment sur le devant de la scène, ayant droit aux faveurs du Palais de Tokyo, de La Ménagerie de Verre, de Beaubourg… Pendant ce laps de temps, Henri Chopin a pu se produire devant une nouvelle génération, dont les applaudissements chaleureux saluaient l’homme et toute sa carrière.

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Le quotidien The Guardian consacra une importante nécrologie à Chopin (5 février 2008). Frédéric Acquaviva remet en mémoire ce qui fut une expérience constitutive de la poésie sonore telle que la pratiquait Chopin :

Towards the end of the second world war, Henri Chopin, who has died aged 85, escaped from a forced labour camp in Olomouc, in what is now the Czech Republic, after it had been bombed. He then spent time with the advancing Red Army, until, recaptured by the Germans, he and inmates of concentration and extermination camps were sent west on a Nazi "death march".

Thousands died on those journeys and it was then that he listened to the voices of his fellow marchers, sounds which would infuse his work for the rest of his life.

In the 1950s Henri created sound poetry, capturing breaths and cries made by his voice and body. He was, said his friend William Burroughs, an "inner space explorer", but the Frenchman remained a solitary figure, outside any artistic grouping, almost the only exponent of his art, and almost certainly the only poet to record sounds and movements by swallowing a microphone. He then remixed the results in recording studios in France, and, following the route of his performances, in Sweden, Germany and Australia.[...]

Henri also created many graphic works on his typewriter: the Typewriter poems (also known as dactylopoèmes) feature in international art collections such as those of Francesco Conz in Verona, the Morra Foundation in Naples and Ruth and Marvin Sackner in Miami, and have been the subject of Australian, British and French retrospectives.

Henri was considered by many a new Antonin Artaud, but head and shoulders above that French playwright, poet, actor and director. At the time of his death, he was in his wheelchair still performing works, which will remain great memories for those who heard him.

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L’importance capitale de la guerre, de la captivité, de la déportation et de la marche de la mort est également souligné à www.zintzen.org. Pour Chopin qui, de son propre aveu, avait vu des milliers de cadavres, il s’agissait de pratiquer une « poésie » qui fût présence tangible du dessaisissement, de la décomposition du corps vivant (« Dichtung als präsente Entäusserung des lebendigen Körpers »).

Auch wenn es pathetisch klingen mag , so sei noch einmal auf die psychischen und physischen Grenzwerte der Kriegserfahrung hingewiesen: Sei’s in den Obsession mit den Basal- Materialien wie Filz und Fett eines Joseph Beuys, sei’s im entmenschten Schrei eines Antonin Artaud, sei es in der geradezu medizinisch-pathologischen Audio-Auto-Biopsie eines Henri Chopin. Wie sich für die “Generation Dada” nach dem Ersten Weltkrieg die instrumentelle Sprache und deren linearer Sinn versagte (ebenso wie die Gegenständlichkeit in der Malerei), so verantwortete der “Zivilisationsbruch” durch Zweiten Weltkrieg und Holocaust eine weitere “broken language”.

“Ich wollte”, so Chopin 2004, “eine ungreifbare Sprache finden, eine Sprache, die von den Mächtigen weder kontrolliert noch zensuriert werden kann”. Sprache - im engeren Sinne Poesie - hat sich auf dem Wege ihrer Zersplitterung in Laute ( sowie in ihrem JETZT-Charakter der unmittelbaren Performance) weiter der Musik angenähert. Und erfüllt damit - paradoxerweise kraft Zerstörung - die uralte Sehnsucht der Dichtung, ins Reich der körperlosen musikalischen Harmonie einzugehen.

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Et c’est ici l’occasion de citer en conclusion l’article de synthèse de Michel Giroud, créateur du Musée des Muses Amusées et de l’Institut International de Poésie Totalement Totale:

...Henri Chopin n’a cessé d’ouvrir les voies/voix à des espaces inexplorés, au delà de tous les langages enregistrés, au delà des musiques modernes et expérimentales, par delà tout système de notation, vers des espaces sans normes, sans classification, sans définitions, sans bornes, vers des espaces de transformations permanentes, grâce à l’utilisation systématique du micro, du magnétophone, du montage, de la table de mixage et des amplificateurs. Mais Henri Chopin ne produit pas une nouvelle musique malgré des apparences trompeuses : il n’est pas une conséquence des principes de la musique concrète de Pierre Schaeffer et des expérimentations de Pierre Henry des années cinquante. Henri Chopin est un individu (dans le sens de Stirner : l’unique et sa propriété) qui a toujours refusé les réductions absurdes à des mouvements, à des ismes, ou des écoles ; ce que l’on perçoit, ce sont les vibrations bio-psychiques d’Henri Chopin construites par Henri Chopin à partir des énergies captées électroniquement (modifiées, amplifiées, transformées) de son propre corps. Un langage au delà des langues instituées, un langage d’avant les langues (des signes sonores, des signaux énergétiques et ludiques comme les baleines et les dauphins), un langage au delà des langues, un langage des souffles, un langage de l’âme (anima), une respiration libre des énergies cosmiques que nous sommes, sans drapeau ni appartenance, énergies d’êtres vivants, irréductibles, inassimilables, solitaires, individus cosmiques étranges, énigmatiques mais solidaires, en résonnances avec tous les individus qui ont osé sortir des règles et des carcans, des obédiences et obéissances, des soumissions et des compromissions, des complaisances et des académismes (traditionnels ou expérimentaux). Avec Henri Chopin c’est Basta et Lâchez tout : la plongée dans l’inconnu, l’exploration de l’espace intérieur de la voix, l’autre face de la voix, une sorte de navigation sous marine, une espèce de spéléologie des grottes et des tunnels inexplorés de la glotte, de l’œsophage et du ventre et des poumons là d’où sort et se fabrique le pneuma (le souffle). Henri Chopin est l’explorateur de l’infini du corps pneumatique, grâce à l’outillage électronique, mais sans jamais se soumettre aux triturations bruitales. Il reste vivant, vibration énergétique (énergie) de l’âme cosmique pulsative. (Alpina, août 2004)

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Le septième et dernier numéro de la Collection OU, livraison bilingue anglaise et française parut en septembre 1977. Chopin y publia un essai relatant sa découverte de la revue Ça ira! et de l’œuvre de Neuhuys. La version anglaise, due à la plume de Jean Ratcliffe-Chopin, est mise en ligne sur ce blog.

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