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14 mai 2008 3 14 /05 /mai /2008 04:40

Raphaël Sorin, amateur attentif des avant-gardes vivantes qui connaît bien les espaces belges, consacre une partie de son blogue du 24 avril 2008 au général situationniste. Il n’est pas le seul en France à supposer, à tort d’ailleurs, que Piet de Groof est un dernier pseudonyme de Walter Korun :

Plus inoffensif que Degrelle, un autre personnage, né en 1931, a fait carrière dans l’armée de l’air belge où il a atteint le grade de général. Sous un pseudonyme, Walter Korun, il avait adhéré à l’Internationale situationniste dès 1957. Mêlé également à plusieurs avant-gardes, il fréquenta Hugo Claus, Pierre Alechinsky, Christian Dotremont. Exclu de l’I.S., il continua à piloter des avions et, sous un dernier pseudonyme, Piet de Groof, a enfin accepté de raconter sa brève incursion du côté de Guy Debord dans un ouvrage magnifiquement illustré qui paraît chez Allia.

Soumis à la question par Gérard Berréby et Danielle Orhan, il revisite ces années confuses et brillantes où la Belgique faisait le lien entre Paris, le Danemark et Amsterdam. Critique, animateur de revues, rien d’essentiel ne lui a échappé. Il célèbre Asger Jorn, «le grand homme, avec une présence extraordinaire», évoque Ensor, «il vivait avec sa maman, sa tante et sa sœur», propose ironiquement un Debord inattendu, «un très bel et gentil homme qui, même s’il s’exprimait peu, parlait extrêmement bien», et, sur mai 68, dit l’essentiel : «J’étais pour.»


 


Piet de Groof n’est pas « un dernier pseudonyme ». Je le connais depuis de nombreuses années (in illo tempore, il m’a prêté avec la spontanéité qui le caractérise son uniforme de général pour une dérive ludique...). Élève polytechnicien, il a effectivement animé, sous le pseudonyme de Walter Korun, la feuille littéraire irrévérencieuse Taptoe, dont les rarissimes exemplaires ronéotypés sont recherchés par les amateurs. L’influence de cette revue dans l’évolution des lettres néerlandaises de Belgique justifie d’ailleurs pleinement une réédition.

Malgré son état de santé précaire, Piet de Groof a participé le 24 avril à une table ronde au Théâtre-Poème à Bruxelles (cf. e.a. notre article du 10 avril). Malheureusement, vu la mollesse nonchalante du modérateur (Laurent Six) et la véhémence égocentrique et autoritaire d’Anatole Atlas, son témoignage a été étouffé. Grâce à des interventions discrètes et nuancées mais pertinentes, Gérard Berréby, l’animateur des éditions Allia, a heureusement sauvé la mise.

Les questions pourtant judicieuses de Robin de Salle, directeur de la revue Connexion, qui consacra plusieurs articles au général situationniste, furent ignorées et noyées sous la logorrhée verbale de Monsieur Lippert / Atlas, dont les livres (qu’il convient d’ailleurs de vivement recommander ici), ne sont édités que grâce aux subventions de l’establishment, faut-il le souligner...

 Henri-Floris JESPERS

 

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